Les 10 commandements du parent en famille recomposée
On parle souvent de la place délicate de “beau-parent”. Mais être le parent biologique au sein d’une famille recomposée, parfois pris en “tenaille” entre son partenaire et ses enfants (et encore, on ne parle pas de l’ex), n’est pas forcément de tout repos non plus. Petits conseils de parents qui sont passés par là pour trouver sa place sereinement… et aider les autres à trouver la leur !
Commandement Premier : Tu garderas au maximum une attitude ouverte et respectueuse
Ecouter les uns, répondre aux autres, essayer de concilier les envies et besoins d’un maximum de personnes… Il faut savoir rester disponible, ouvert, bienveillant et respectueux de chacun, le tout si possible sans jugement, ni agacement, même face à de petites phrases difficiles. On n’a pas dit que c’était facile ! Mais vous avez un rôle de chef d’orchestre et c’est en donnant le tempo (et l’exemple) que vous arriverez à établir et conserver l’harmonie.
Commandement II : Tu seras le garant du cadre
En tant que parent, c’est à toi que revient en priorité de définir un ensemble de règles clair et cohérent pour les enfants et de le faire respecter. Tu ne seras pas tout.e seul.e à t’en charger, ton partenaire est forcément partie prenante, mais les tentations de “dérogations” seront forcément nombreuses : petites exceptions, grosse fatigue, lassitude… Attention aux petites entorses a priori sans conséquence un jour qui peuvent vous être reprochées le lendemain ou rappelées pendant très longtemps. Surtout si elles sont accordées à certains membres d’une famille – ou aux enfants d’un parent – et pas aux autres. Retour de bâton à venir garanti !
Commandement III : Tu écouteras tout le monde équitablement
C’est le piège des recompositions : parce qu’il voit peu ses enfants ou qu’il culpabilise de leur avoir fait traverser une séparation parentale douloureuse, le parent biologique va se mettre à la disposition de son ou ses enfants… Et le ou la nouvelle partenaire ? Il ou elle se sentira délaissé.e, mis.e de côté, oublié.e. C’est le syndrome “cinquième roue du carrosse”.
Piège inverse : tout feu tout flamme, votre nouvelle histoire d’amour prend soudain beaucoup de place dans votre vie, mais aussi, tout naturellement, dans celle de vos enfants. Le beau-parent peut (sembler) accaparer toute l’attention du parent. Et en général le ou les poussins ne tardent pas à le faire sentir…
Votre mission sera donc de travailler votre capacité d’écoute pour accueillir la parole de votre partenaire, de vos enfants. Mais aussi et surtout… de vous-même. Car quand on passe beaucoup de temps au service des autres, le risque est grand de s’oublier en chemin et de ne plus se retrouver dans la nouvelle configuration familiale et ses exigences. Ecouter vos besoins propres, vos envies et vos difficultés. Donnez-leur une place dans votre quotidien, vous en avez le droit.
Commandement IV : Tu passeras du temps seul.e avec ton partenaire
Comprendre : sans les enfants ! Bien sûr, ce n’est pas évident quand on a la garde principale et/ou exclusive de sa progéniture. Bien sûr, certains risquent de culpabiliser, d’avoir l’impression d’abandonner ses enfants. Pourtant, la famille recomposée repose avant tout sur un couple. Idéalement un couple fort. Si celui-ci vacille, tout vacille ! Prendre soin de sa relation ne peut pas être un luxe ou être remis à plus tard. Votre équilibre à deux et à tous en dépend.
Commandement V : Tu passeras du temps seul.e avec ton ou tes enfants
Bien sûr, le beau-parent vit désormais avec vous ! Mais ce n’est pas une raison pour faire tout absolument ensemble. Les enfants, surtout au début, peuvent se sentir encombrés par cette présence et surtout, la complicité pré-existante entre le parent et l’enfant doit être conservée pour le bien de tous.
Alors il ne s’agit pas d’exclure l’autre, encore moins de le faire sentir “en trop”, mais de lui faire comprendre que les besoins des enfants en famille recomposée incluent un temps exclusif avec son parent (si possible en one-to-one quand il y a plusieurs frère et soeur) pour son bien.
Commandement VI : Tu laisseras du champs et du temps pour que ton partenaire et tes enfants apprennent à se connaître
Vous aviez prévu une super sortie nature avec rando et pique-nique pour resserrer les liens entre vos enfants et votre partenaire mais l’ambiance est plombante ? Ils refusent à tour de rôle les séances de jeu de société qui donneraient une belle occasion de tous se mettre autour d’une table ?
Beaucoup de parents biologiques redoublent d’efforts et d’activités pour rapprocher la famille. Mais pour que la “mayonnaise prenne”, il n’y a pas de recettes miracles. Et c’est parfois en s’effaçant un peu et en laissant faire les choses que les liens se tissent… l’air de rien. Autorisez votre partenaire à prendre des initiatives (il arrive souvent qu’il ou elle hésite à prendre les devants) et encouragez vos enfants à interagir avec elle ou lui sans que votre présence soit absolument nécessaire.
Ce qui d’expérience peut les rapprocher ? Partager une passion commune, bien sûr mais aussi, tout simplement, papoter en écossant des petits pois, jouer à deux, rire gentiment des habitudes du parent biologique, faire un détour non prévu par le glacier pour prendre un goûter buissonnier sans ledit parent… C’est finalement en laissant l’espace nécessaire à la “vraie rencontre” que vous allez permettre à votre partenaire et vos enfants de se trouver… sans vous !
Commandement VII : Tu feras ton possible pour inclure ton partenaire au quotidien dans la vie de la famille
Imaginez-vous quelques années plus tôt, sans enfant, insouciant… Comment auriez-vous réagi si du jour au lendemain, vous vous retrouviez précipités à la tête d’une famille, avec des enfants qui ne seraient pas les autres et que vous n’auriez pas forcément vu grandir ?
Et bien c’est exactement ce que vit un nouveau beau-parent qui n’ont pas a d’enfants de leur côté. Pas évident, non ?
Il va donc falloir un temps d’adaptation voire d’acculturation. Apprendre à s’occuper d’un jeune enfant prend du temps, adopter les bons réflexes pour les plus grands aussi (penser au pipi avant de partir, au goûter pour l’école, avoir des mouchoirs en permanence sur soi, aborder les devoirs en rentrant de l’école…). A vous, le parent biologique, d’accompagner ce temps de familiarisation : expliquez, donnez des conseils et surtout partagez avec lui ou elle les infos qui sont importantes dans la vie de l’enfant. Cela l’aidera à “prendre le train en marche” et à prendre sa place auprès de l’enfant. Et si possible, associez votre nouveau partenaire aux décisions qui concernent l’enfant quand ils sont chez vous, afin qu’il ne se sente pas “simple spectateur”.
Commandement VIII : Tu feras preuve de compréhension si ton partenaire n’a pas d’enfant
Il ou elle n’a pas bien fait (un changement de couche, la lecture de l’histoire, etc…) ? Il ou elle n’a pas beaucoup de patience avec vos enfants (“c’était juste un caprice, pourquoi s’énerver, ça finit par passer”)? Il ou elle se sent envahi.e quand les enfants sont là et cherche à s’isoler souvent comme pour les fuir ?
Rappelez-vous que tout ceci est normal. Vous aussi vous avez appris à devenir parent, cela a pris du temps et vous avez fait quelques erreurs, comme tout le monde. Sauf que pour le beau-parent sans enfant, c’est le grand bain direct ! Sans échauffement, ni préparation…
Et bien sûr, vos enfants n’y sont pour rien. Ils sont certainement adorables mais ils restent des enfants. Présents, voire omniprésents, demandeurs, bruyants certainement… Ne prenez pas mal le besoin de repli ou de temps sans enfant que votre partenaire pourrait manifester. Chacun s’adapte à son rythme, profitez pour passer du temps privilégié avec eux. Tout le monde se retrouvera plus apaisé.
Commandement IX : Tu encourageras ton ou tes enfants à entretenir la relation avec l’autre parent
Quelles que soient vos relations, les conflits ou les difficultés que vous avez rencontrés, l’autre parent doit garder une place de choix dans la vie de l’enfant. Encouragez-le à entretenir une relation avec lui quand il est chez vous. Parlez de lui, faites-lui une place dans votre quotidien avec l’enfant, pour éviter que celui-ci ait l’impression d’une vie “saucissonnée”, aux compartiments étanches…
Et n’hésitez pas à expliquer pourquoi vous faites cela à votre nouveau partenaire, qui ne verra peut-être pas d’un bon œil que l’autre soit aussi présent (tout du moins dans les conversations ou au téléphone).
Commandement X : Tu seras patient
Tous les parents de famille recomposée rêvent à un moment donné de reformer une famille unie, aimante et joyeuse. Qui n’a jamais rêvé de grandes tablées où tout le monde rit, de moments de complicité entre vos enfants et leur beau-parent avec des étoiles dans les yeux ? Pourtant le quotidien risque de vous décevoir très vite, tout du moins dans un premier temps. Car recomposer prend du temps, demande des efforts de part et d’autre. De la compréhension, de la souplesse, de la curiosité… et par conséquent, encore une fois, du temps.
Ne pas s’engager dans cette aventure avec des attentes exagérées vous évitera beaucoup de déceptions. Mais ne partez pas perdants non plus : ce n’est pas un parcours de santé, certes, plutôt une course de fond, mais à l’arrivée, beaucoup de ceux qui se sont lancés avant vous vous diront que c’était un défi, mais qu’il en valait la peine.