“Soit je partais, soit je tentais le tout pour le tout”… Comment une thérapeute a sauvé la famille recomposée d’Agnès
Un compagnon qui se repose beaucoup sur elle, une ex qui attaque sans cesse, une belle-fille qui se braque et veut son père… Agnès a fait les frais d’une famille recomposée qui, dès le début, n’est pas partie sur de bonnes bases. Mais avant de tout plaquer, elle décide de faire appel à une thérapeute. Quelques mois après, elle revient sur ce que ça a changé pour elle.
“Nous nous sommes rencontrés via un site de rencontre. Au début, franchement, je n’étais pas intéressée : je devais quitter notre région et surtout, il avait deux enfants à charge dont une qui n’était pas la sienne… Mais finalement, nous nous sommes mis ensemble “à distance”. Il avait la garde de sa fille tous les week-ends car la maman travaillait. Au début, je venais un week-end sur 2 ou 3. Lui était toujours en pleine procédure et cela m’a permis d’apprendre à connaître sa fille que je voyais finalement assez souvent.
J’ai fini par revenir dans la région pour vivre avec eux. Mais dès que l’ex a réalisé que j’emménageais avec eux, tout a changé. J’ai aussi découvert que j’arrivais au milieu d’une relation avec l’ex qui n’était pas si apaisée que ça (elle ne l’est toujours pas aujourd’hui) : à mon arrivée, elle a refusé la garde alternée et lui a dû se battre pour obtenir plus qu’un droit de visite. A partir de là, ça a été conflit sur conflit, dispute sur dispute.
Faire face à une ex hautement conflictuelle
Toutes les semaines, il y avait une prise de tête. Une nouvelle lubie, un nouveau problème, une nouvelle demande. Pour la petite aussi, c’était invivable, elle enchaînait les crises. Au bout de 8 longs mois, les choses se sont momentanément apaisées avec la mise en place forcée de la garde alternée. Mais ça a repris quelques semaines plus tard : rien ne lui convient bien longtemps, elle en veut toujours plus, demande toujours des services au-delà de ce qui est écrit dans le jugement. Je pense que c’est quelqu’un qui aime fondamentalement le conflit et qui n’est jamais satisfaite de rien. Elle ne sait pas se remettre en question et n’arrive pas à se dire que pour son enfant il est préférable d’avoir des parents qui s’entendent et soient soudés.
Partir ou rester, le dilemme de la belle-mère
Je me suis posée la question de partir. Ce n’était tellement pas serein ! Franchement, avoir une tierce personne dans son couple en permanence, c’est épuisant. Elle écrit tous les jours, elle se manifeste tous les jours, elle est là tous les jours, à pousser les gens à bout et à menacer des avocats tous les 4 matins lorsqu’on ne lui répond pas comme elle le souhaite ou que l’on n’accepte pas la n-ième demande qu’elle fait. La petite, elle, n’est là qu’une semaine sur 2, mais l’ex, elle, est là tout le temps.
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Bien sûr, c’est difficile pour tout le monde, mais mon homme est plus calme et moi, ça me rend difficilement légitime aux yeux de sa fille. La mère est tellement là que je n’ai pas de place. D’ailleurs, la petite dit encore à son père qu’elle veut qu’ils se remettent ensemble.
Et puis un jour la goutte d’eau, un petit incident sur le vélo sur le retour de l’école… et je me suis retrouvée accusée de maltraitance. Magré tout ce que j’avais fait pour eux, malgré le fait que quelques jours auparavant, l’ex préférait encore passé par moi que par mon chéri pour parler de leur fille. Je suis alors arrivée au stade où je me suis dit « là, je n’en peux plus »… Toute cette pression psychologique constante. Moi qui voulais un enfant, j’ai tout mis en stand-by car le contexte était trop stressant, malgré l’envie toujours présente. Et notre couple dans tout ça ? C’était hyper dur, on enchaînait les clashs. Jusqu’au moment où je me suis dit “soit je m’en vais, soit je tente le tout pour le tout et je trouve quelqu’un pour nous accompagner.”
L’apprentissage du désengagement
C’est comme ça qu’on a commencé des séances avec une thérapeute. De mon côté déjà, j’ai entrepris un travail sur moi, sur mes limites, et pour arriver à me détacher de tout ça.
Mais ce travail m’a surtout permis de me rendre compte que mon compagnon s’était beaucoup reposé sur moi. Je m’occupais de sa fille comme si c’était la mienne : le bain, le repas, les achats de vêtement, les papiers à remplir, l’école, tout ça à temps plein, une semaine sur deux… Aujourd’hui, le travail avec ma thérapeute est terminé mais elle m’a aidé à me mettre plus en retrait, à ne plus faire les choses à sa place, ni à proposer mon aide, mais attendre qu’on me le demande. Pour que lui reprenne ses responsabilités de parent. Que je ne sois plus une deuxième maman, mais un « plus »… pas un parent à temps complet !
Ça me dégage du temps pour moi, pour faire des choses pour moi… Aujourd’hui je ne gère absolument plus sa fille ; je ne m’occupe que de moi, et quand on me le demande seulement j’interviens.
Et surtout depuis, c’est moins conflictuel avec elle car il a repris son rôle de père et non juste celui de “gentil papa”. Ce n’est plus moi qui instaure les punitions, je passe donc moins pour la marâtre. La petite est d’autant plus contente que son papa s’occupe davantage d’elle.
Remettre le couple en top priorité
Cela nous a valu pas mal de grosses discussions avec mon conjoint pour qu’il réalise que c’était sa fille et donc ses responsabilités. Je travaille toujours à rester en retrait, mais c’est un fait : j’arrive à relâcher la pression.
Un autre point que l’on a travaillé, c’est de prendre soin de notre couple la semaine où l’on est tous les deux. Avant, quand sa fille n’était pas là, j’avais l’impression qu’il était obnubilé par elle. Ca aussi, on a réussi à le faire changer. Aujourd’hui, on a l’impression de se retrouver un peu plus cette semaine-là.
Quant à moi, le fait d‘avoir parlé avec la thérapeute m’a rendue moins explosive. Avant, je faisais la “cocotte-minute” : j’encaissais jusqu’à l’explosion sans parvenir à dire les choses qui n’allaient pas calmement. Résultat : lui se braquait, il n’entendait plus. Aujourd’hui, je prends un peu plus sur moi, je parle différemment… Mais il m’entend.
Cela nous a permis de nous retrouver. De retrouver une phase que je dirais amoureuse – cette phase des débuts où tout est “tout beau, tout rose” – que je n’ai finalement jamais connue avec lui. Car on est rentrés dans le dur dès le début de notre relation : la distance, la procédure pour la garde et les conflits, sa fille… Ça nous a fait oublier la séduction… et même notre couple. On travaille aujourd’hui à rattraper ce temps perdu et nous avons pris la décision de NOUS choisir et nous réalisons des projets professionnels, nous partons vivre dans un autre pays afin d’accomplir nos idées et surtout pouvoir se concentrer sur notre couple un peu plus (sans pour autant oublier sa fille).
Je finirais par dire qu’être en couple avec un enfant qui n’est pas le nôtre n’est clairement pas chose facile, surtout quand l’ex est omniprésente et changeante. Il y aura forcément des moments difficiles dans cette famille recomposée car pas la même éducation ou plus l’envie de subir les affronts de l’ex, ou tout simplement pas spécialement d’amour pour un enfant que nous n’avons pas choisi, et je dis clairement qu’il ne faut pas culpabiliser.
Ne pas jeter l’éponge au premier coup de bec, ça sera toujours difficile, mais très sincèrement si il y a beaucoup d’amour dans le couple et que celui ci est soudé alors il faut tenir et se battre.