Famille recomposée : je stresse dès que ses enfants reviennent ! Que faire ?
Boule au ventre, mal-être diffus, sautes d’humeur à mesure qu’on approche de la fin de la semaine, plus envie de grand-chose le week-end… Ca vous dit quelque chose ? Difficile d’en parler ouvertement, mais les beaux-parents sont en réalité nombreux à être stressés par le retour de leurs beaux-enfants, que ce soit pour un week-end, une semaine ou les vacances. Avec, parfois, des symptômes physiques assez envahissants. Comment faire baisser la pression ? Gaëlle Piton, sophrologue, coach et auteure, nous donne des clés pour retrouver un peu de paix intérieure.
Apaiser le stress d’anticipation
Les enfants de votre partenaire sont sur le point de débarquer à la maison et vous avez l’impression que c’est la panique dans votre corps ? Ce n’est certainement pas qu’une impression, explique Gaëlle Piton : “Notre vie émotionnelle – nos anxiétés, nos petits trucs dans le corps – sont des alertes. Il ne s’agit pas de les nier, mais au contraire de les écouter, pour apprendre à les calmer.”
Comment ? Avec la sophrologie notamment, qui est particulièrement adaptée à ces problèmes. “Le corps vit et ressent la même chose qu’il vive la situation ou qu’il l’anticipe. De la même manière, quand on rumine les crises du passé, on les refait exister dans notre corps… Pour calmer ces réflexes désagréables de notre corps, il faut donc revenir au moment présent. Ramener notre corps dans l’ici et maintenant, pour accueillir les sensations et l’aider à se détendre”.
Car si le corps est détendu, l’esprit le sera aussi : “Pour nous apaiser, la sophrologie nous propose d’agir sur notre corps, sur les signes qu’il nous envoie. Et bonne nouvelle : ça s’apprend. La première chose à faire pour l’expérimenter, c’est la respiration abdominale, très efficace pour calmer ces tensions du corps. Elle va nous permettre de nous détendre, physiquement, mais aussi peut-être de voir les choses différemment, avec plus de recul. Mais pour cela, il faut s’entraîner à la pratiquer un minimum au quotidien, pour pouvoir l’activer en période de crise.”
Gaëlle Piton est sophrologue, coach, auteure et conférencière et instructrice en méditation de pleine conscience… Elle est également spécialisée dans l’accompagnement des artistes, des femmes et des auteurs.
A lire pour aller plus loin :
J’Arrête de trop cogiter, 21 jours pour transformer ses pensées parasites, De Gaëlle Piton, Editions Eyrolles.
A acheter ici
La Méditation, C’est la vie !, de Gaëlle Piton, Editions First, à acheter ici
Crédit photo : Laure Villain
Apprendre à lâcher prise
Ces idées et sensations difficiles qui nous traversent quand les enfants reviennent sont douloureuses et peuvent nous faire culpabiliser, voire douter de notre couple. “Pourtant, même si c’est complexe, ce n’est pas forcément fait pour durer. Avec le temps, on peut apprendre à accepter qu’il y a des choses sur lesquelles on a la main, et d’autres non. Accepter ce que l’on ne peut pas changer, c’est arrêter de dépenser notre énergie en vain. Et dans le même temps, je peux choisir de me concentrer sur ce qui dépend vraiment de moi, ou au moins, essayer ! La méditation et la sophrologie peuvent nous accompagner sur ce chemin.”
D’un côté, méditer nous apprend notamment à lâcher prise et en même temps à prendre conscience de ce qui dépend vraiment de nous. Et ces deux outils nous permettent, à défaut de changer le contexte ou les individus qui le composent, de nous apaiser en calmant notre mental ou tous les signaux désagréables de notre corps qui nous empoisonnent la vie.
Apprendre à méditer
Pour faire ses premiers pas, Gaëlle Piton recommande notamment l’appli Insight Timer, un timer de méditation très simple qui permet de revenir à sa respiration. Testez-le, il est très facile d’utilisation !
Autre option : Respirelax + , une appli gratuite de cohérence cardiaque, elle aussi très simple d’utilisation. Pendant 3 minutes, on ramène son attention sur une petite bulle pour respirer… Ca cadence la respiration en incitant le rythme cardiaque à ralentir… Et c’est aussi méditer !
Sortir de la posture de victime
Distinguer ce qui n’est pas entre vos mains pour arrêter de vous épuiser à vouloir que ça change et au contraire agir sur ce qui est en votre pouvoir présente un autre grand intérêt, selon la sophrologue : “Cela permet de sortir d’une posture de victime. On ne s’en rend pas forcément compte mais les relations humaines nous assignent parfois à cette place. Or le problème, c’est que cette posture ne nous donne jamais aucune solution pour changer. On ne fait que subir. Comment en sortir ? Justement en découvrant de nouveaux leviers pour agir, de nouvelles possibilités pour changer de ce qui peut l’être. C’est se redonner une forme de liberté !
Méditer quelques minutes par jour, s’entraîner à des exercices de sophrologie régulièrement… Cela va vous montrer que vous pouvez changer ce que vous ressentez. Que c’est accessible avec un peu de pratique. Et surtout que vous n’êtes plus obligé.e de tout le temps subir.”
Savoir que l’on peut agir, que l’on a des cartes en main pour le faire et certaines marges de manœuvre… Ca change tout !
Miser sur des rituels
Autre conseil de Gaëlle Piton pour apprivoiser les temps tous ensemble quand ils sont sources de stress : “Essayez de mettre en place des rituels. Cela permet de se donner des repères dans la vie avec les enfants. Je pense notamment à des rituels pour refaire famille, refaire groupe. Un de mes préférés : le partage de petits kiffs !” Super intéressant dans toutes les familles… mais à plus forte raison dans les familles recomposées où le quotidien peut être teinté de négatif. Chacun va identifier 3 choses qu’il a aimées dans la journée. L’intérêt, bien sûr, est de focaliser l’attention sur les points positifs, les bons côtés ou moments, en arrêtant de s’appesantir sur les aspects difficiles de la famille recomposée. Un vrai changement de focale !
S’accorder des sas de décompression
Vous trouvez que c’est vraiment difficile à la maison quand ses enfants sont là ? Gaëlle Piton conseille enfin de mettre en place des sas de décompression entre les différents moments de votre vie. “Un petit temps, pour vous, entre les moments où vous vivez seul.e avec votre partenaire et ceux où les enfants arrivent”. Un petit sas pour adoucir un gros changement dans le rythme de la journée, dans le niveau sonore, dans la sensation d’envahissement que les beaux-parents peuvent ressentir. “Le sas permet aussi de se débarrasser de toutes les couches de stress extérieur que vous pouvez cumuler en-dehors de la famille sans vous en apercevoir. L’objectif est d’essayer d’arriver le plus neutre possible, face à la vie de la famille. Et notamment de lutter contre la polarisation de l’attention. C’est un phénomène simple qui fait que si ça se passe mal à la maison, on va attribuer tous nos soucis à nos problèmes de famille recomposée. Alors qu’en réalité, on peut avoir des soucis au travail, à l’école… Tout un tas de choses qui focalisent moins notre attention mais qui vont faire qu’on va arriver avec toute cette tension en plus à la maison. Et le risque, c’est de surcharger la vie de la famille recomposée, déjà compliquée, avec ça…”
La tentation est parfois grande d’accuser la famille recomposée d’être à l’origine de notre mal-être alors qu’elle n’est souvent… que l’allumette ! La petite étincelle qui met le feu aux poudres.
“Prendre soin de soi est donc très important”, résume la sophrologue ! “Car chacun arrive dans la famille avec son énergie, ses soucis. C’est bien que chacun prenne soin de son propre bien-être. C’est la théorie du masque à oxygène dans les avions : il faut d’abord en prendre un pour soi, pour pouvoir aider les autres ensuite. Ici, c’est pareil : si je prends du temps pour moi, si je fais attention à mes émotions, ça bénéficiera à tout le monde.”
Testez la méthode STOP !
Le principe ? Prendre 3 minutes par jour pour :
S comme STOP : faire une pause. J’arrête ce que je suis en train de faire
T comme TEMPS CALME : rester concentré sur ma respiration pour revenir au calme.
O comme OBSERVATION : observer ce qui se passe en moi, ce que je ressens dans mon corps en accueillant toutes les sensations, sans jugement
P comme PRÉSENCE : rester en contact avec mon expérience pendant quelques instants pour prendre conscience que les sensations et les émotions sont comme des vagues qui montent, descendent puis disparaissent.
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