Maman solo : comment le célibat guérit et libère après la séparation
Après une séparation, le repli sur soi et la crainte d’un nouvel échec peuvent enfermer les femmes dans un célibat qui se prolonge et que certaines vivent mal. Pourtant, ce temps de retour à soi peut être libérateur et fécond, nous assure la psy Géraldyne Prévot-Gigant, auteure de Les Femmes et l’amour. A condition de se débarrasser de quelques croyances… et de changer de regard ! Voici ses conseils pour savourer ces retrouvailles avec vous-même.
Les Nichées : Les femmes mettent en général plus de temps à se relancer dans une nouvelle histoire après une rupture que les hommes. Ont-elles plus de difficultés à refaire leur vie ?
Géraldyne Prévot-Gigant : “Je dirais plutôt qu’elles sont prudentes. Les femmes se protègent davantage et mettent plus de temps avant d’ouvrir la porte à une éventuelle nouvelle relation. Certaines parce qu’elles peuvent avoir une réelle appréhension à faire rentrer quelqu’un dans leur vie, d’autres parce qu’elles peuvent être stressées à l’idée de retomber sur le même type d’homme ou d’échouer à nouveau.
Mais souvent, ce temps de célibat est avant tout un “temps de digestion”. Une période dont elles ont besoin pour faire le deuil de la relation précédente, de la vie commune, du bon et du moins bon. C’est un temps de restauration de soi qui va leur permettre de guérir les blessures, de retrouver un équilibre… Et de redevenir fortes et disponibles pour une nouvelle relation.
Ce temps est plus long pour les femmes séparées qui ont souffert de la vie à deux et voulu la séparation. Elles disent avoir besoin de temps et d’espace pour s’installer dans leur nouvelle vie, pour profiter “de l’intérieur” de leur indépendance, de se retrouver. Bref, ce n’est pas qu’elles ont peur mais qu’elles savourent ! »
Le célibat peut donc être une période harmonieuse pour beaucoup de femmes séparées. Pourtant, certaines le vivent mal et ont l’impression d’y être enfermées. Comment sortir d’un ressenti de solitude subie ?
Géraldyne Prévot-Gigant : « C’est souvent la notion de temps qui peut leur faire peur, quand le célibat se prolonge. Souvent on peut focaliser sur notre âge, sur les années qui passent… On peut se dire que tout est fini, que l’on n’a plus de belles rencontres à venir. Et ça, c’est terrible, car cela fait perdre toute confiance en nous et en l’avenir.
En revanche, on peut vivre beaucoup mieux le célibat si on garde une vision positive de notre maturité. Si l’on est convaincue que l’on peut vivre quelque chose de beau à l’avenir. Que ce soit sur l’âge ou sur l’amour, nous sommes assaillies de croyances véhiculées par la société… Elles sont encore fortes mais ce ne sont que des croyances, justement. Nous pouvons les transformer.
Comment ? En commençant par utiliser le célibat pour faire le point : “qu’est-ce que je veux vraiment pour moi, pour mon futur ? De quoi ai-je besoin en termes d’épanouissement ?” Mais aussi “Pourquoi ai-je choisi cet homme ?”
Ce questionnement aboutit souvent à une prise de conscience des répétitions, de nos choix. Résultat : nous parvenons à laisser derrière toute notion d’échec, de colère, de frustration… Tout ce cheminement nécessaire pour faire la paix avec soi-même, pour nous rendre plus disponibles psychiquement et au bout du compte pouvoir poser un regard positif sur notre futur. »
A lire sur le sujet
Géraldyne Prévot Gigant est psychopraticienne, conférencière et auteure. Elle a à son actif de nombreux livres pour sur les relations et l’amour. Elle a publié à l’automne dernier « Les femmes et l’amour, comment bien vivre l’amour à l’heure du dating, du ghosting et du zapping« , aux Editions Eyrolles. Un livre riche en conseils sur la quête de l’amour à l’ère du numérique.
Comment en tirer parti concrètement ? Transformer le célibat en une période riche pour soi, plutôt “qu’attendre” sans fin une rencontre…
Géraldyne Prévot-Gigant : « Je dirais qu’il faudrait commencer par prendre conscience de la norme que la société nous impose par rapport au couple. Embrasser l’idée d’être une femme libre est un drôle de pas de côté à faire. Cela libère d’un poids, ça a même un petit côté savoureux, agréable. Surtout si on a vécu en couple de manière pesante, cela allège considérablement.
Ensuite, pour éviter de s’engluer dans l’attente, il faudrait éviter de considérer la rencontre comme la solution qui viendrait compenser, de manière un peu passive, un certain nombre de choses ou remplir un vide affectif… Mon conseils, au contraire, c’est d’être dans l’action : faire ce qu’on a envie de faire, profiter de notre temps libre. Et être ouverte à toutes les rencontres, quelles qu’elles soient, pas seulement amoureuses !
Comment changer d’état d’esprit ? En se disant que l’on rentre dans une nouvelle phase de notre vie de femme, et une phase riche de choses nouvelles ! Que l’on va rencontrer de nouvelles personnes, explorer, découvrir et globalement s’inscrire dans une dynamique d’ouverture au monde riche et foisonnante… Résultats pour soi-même : on ne se focalise plus uniquement sur la rencontre : on reste active, dans le mouvement. Il n’y a rien de tel pour sortir de l’attente et du sentiment d’impuissance !
Sans oublier un effet aussi sur les personnes que l’on croisera : car une femme qui vit la vie qu’elle aime, qui y est épanouie, sera naturellement plus attirante qu’une autre qui semblera plongée dans une solitude et une attente douloureuses.
Mais pourquoi les hommes se remettent-ils si vite en couple après une séparation ?
“Les hommes portent en général un autre regard sur la relation affective que les femmes. Ils ont souvent moins “donné”, moins “porté” le couple et la famille, moins “bataillé” pour sauver la relation que les femmes, qui arrivent souvent au moment de la séparation, épuisées de tous ces efforts.
Ils ont surtout moins de craintes à se relancer dans une autre histoire que les femmes, qui ont tendance à se montrer plus prudentes quand il s’agit d’ouvrir la porte à un autre homme, une autre relation.
Au contraire, les hommes ont tendance, après une séparation, à se montrer beaucoup plus “dépendants affectifs” à cette période que les femmes, et ils vont davantage ressentir le besoin d’avoir une nouvelle histoire. Sans surprise, ils recherchent alors plus rapidement une relation régulière pour se rassurer pour certains, pour combler un vide affectif pour d’autres, ou simplement “par habitude”… Le but étant de ne pas rester seul, parfois de manière très inconsciente.”, résume Géraldyne Prévot-Gigant.
Mais pour leur ex-compagne, bien souvent, cette remise en couple rapide, voire prématurée, peut parfois donner l’impression désagréable d’être “interchangeable”.