Maman solo : comment équilibrer sa relation avec son enfant ?

C’est le grand défi des parents solo : comment être responsable d’un ou de plusieurs enfants, tous les jours, sans faillir et sans se perdre ? Comment être disponible tout en préservant du temps et de l’espace pour soi ? Parce que cet équilibre est fondamental pour les parents comme pour les enfants, nous avons posé la question à Amandine Maddi, coach et ancienne maman solo.

Comment trouver la bonne distance quand on est maman solo pour être présente quoi qu’il arrive auprès de son ou de ses enfants sans se perdre ?

Amandine Maddi : “Il convient d’abord de se rappeler qu’avant d’être une maman, vous êtes avant tout une femme et il est indispensable de ne pas l’oublier ! Cela paraît évident mais justement, on peut le perdre de vue et cela peut s’avérer dangereux à termes pour la relation mère-enfant. Car si vous consacrez tout votre temps à votre enfant, vous risquez un jour de lui en vouloir et finir par nourrir de la rancoeur, sans même vous en rendre compte. 

De la même manière, vous allez aussi de façon très inconsciente faire peser sur lui une forme de responsabilité : celle de vous rendre heureuse. Avec la culpabilité qui va avec ! Résultat : cela risquera de le freiner, il aura plus de difficultés à se détacher de vous pour vivre sa propre vie.

Alors lui consacrer du temps, oui ! Mais pensez à préserver des moments pour votre vie de femme. Ce n’est pas toujours évident, mais que ce soit le travail, vos amis, votre vie amoureuse ou une passion que vous pouvez pratiquer à la maison… peu importe ! Mais mon premier conseil est de conserver quelque chose qui n’appartienne qu’à vous !

Idéalement, il faudrait pouvoir prendre du temps pour soi, pour aller marcher, danser avec ses ami(e)s, lire, aller au cinéma… Même si le temps libre d’un parent solo est compté (voire rarissime), une chose est certaine : cette distance vous sera favorable à tous les deux. Car cela apprendra à votre enfant la frustration et la joie des retrouvailles. Et surtout il aura une maman épanouie et heureuse… C’est le meilleur exemple à lui montrer car cela l’autorisera à grandir avec ses activités à lui, ses moments à lui, ses secrets, aussi ! C’est une leçon qu’il gardera pour sa vie future.

Psychanalyste et coach, tour à tour mère célibataire puis en famille recomposée, Amandine Maddi s’est naturellement intéressée de plus près à la famille et plus précisément au bien-être des parents. Son mantra ? «  Si  parents heureux, enfants heureux ! »

Retrouvez-la sur son compte Instagram @Maddi.Amandine

Comment éviter de tomber dans le piège de la culpabilité ? La tentation est grande de vouloir trop bien faire – et parfois trop en faire – pour avoir l’impression de “rattraper” une situation qu’il subit…

Amandine Maddi : La culpabilité est selon moi le pire ennemi des mères ! Car elle biaise la relation avec l’enfant et ne permet pas une relation équilibrée. A cause d’elle, nos réactions ne sont pas objectives, les réponses que l’on n’apporte pas toujours adaptées…

Et pourtant, la culpabilité est tellement présente dans la vie d’un parent solo ! On peut culpabiliser de ne pas avoir choisi le bon père (ou la bonne mère), d’être parti.e,, de ne pas avoir assez d’argent pour lui faire plaisir, de vivre dans un appartement trop petit, de trop travailler, de ne pas lui accorder assez de temps ou d’avoir pris une heure pour soi pour souffler…

Les mamans célibataires sont particulièrement exposées. Car les femmes ont été éduquées pour être des mères parfaites et tout gérer. La culpabilité est pour nous une compagne de longue date.

Comment ne pas se laisser envahir par ce sentiment ? Je pense qu’il ne faut pas oublier que ce n’est pas la quantité de temps consacré à l’enfant qui est importante mais bien la qualité. Mieux vaut peut-être travailler une heure de plus qu’être à côté de votre enfant en permanence sur votre téléphone, à répondre à vos mails. Votre enfant a besoin que vous  ayez ensemble des moments où vous êtes pleinement là. Cela ne veut pas dire tout le temps. 

Justement, comment éviter de tomber dans le piège de la fusion quand on passe tout notre temps ensemble ? Que l’on vit et fait tout avec notre enfant ou nos jeunes enfants ?

Amandine Maddi : Je dirais en faisant attention à ce que chacun ait ses propres espaces, ses propres activités, son jardin secret. Il me semble que le risque de fusion est d’ailleurs plus fort dans le rapport mère-fille, car la mère peut projeter sur sa fille ses propres attentes. Il faut rester vigilant à préserver l’espace vital de chacun, en s’assurant que chacun ait un “espace” propre, rien qu’à lui, dans la maison (même un petit coin cosy avec quelques coussins dans lequel il pourra s’isoler) mais aussi des temps à lui, pour s’isoler ou retrouver ses amis à lui. Je pense ainsi qu’il est important d’encourager les enfants à nouer et cultiver des relations avec d’autres personnes, enfants ou adultes, en dehors de nous.

Comment savoir que la relation avec son ou ses enfants est déséquilibrée ? Quels sont les signes qui doivent nous alerter ?

Amandine Maddi : Bien souvent, c’est l’enfant qui nous l’indique via les difficultés qu’il rencontre. Cela peut être dans la relation aux autres, ou à l’idée de nous quitter. Mais attention pour autant à ne pas faire de généralités, c’est vraiment au cas par cas. Un comportement problématique, quel qu’il soit, peut être le symptôme d’autre chose.

Je pense qu’il faut rester attentif à ce que nous dit l’enfant, par ses mots ou son comportement, mais aussi à ce que notre entourage peut nous signifier. Même si tout n’est pas bon à prendre, ça vaut le coup bien souvent d’écouter les avis un peu extérieurs. Car de l’intérieur de la relation, on n’est pas toujours objectif. Il faut être prêt à entendre, aussi, que quelque chose ne va pas bien, ce qui n’est pas toujours évident. La remise en question est un bon outil pour comprendre et corriger un dysfonctionnement, à condition de ne pas y mêler sa culpabilité.

Parent solo : osez demander de l’aide !

Une charge mentale énorme et des temps pour souffler riquiquis… Les parents solos passent leur vie à courir après le temps et peuvent vite s’épuiser physiquement, mentalement, mais aussi émotionnellement. Quels sont les signes qu’il est temps de demander de l’aide ? Vers qui se tourner ?