Famille recomposée : faire face aux phrases assassines
Elles ont le don de mettre le feu aux poudres, ces petites phrases dont on ne mesure pas forcément l’impact. Décryptages de ce qu’elles révèlent et conseils pour trouver les alternatives qui évitent le clash.
« Hey, je suis pas votre bonniche !«
Même si raison sur le fond, la forme risque d’empêcher le message de passer : un reproche légitime peut passer pour une crise de nerf, un craquage… Bref, on se dit que “ça va passer” au lieu d’entendre votre frustration, la vraie demande qui en découle et le vrai besoin de changement, absolument nécessaire.
Les solutions ?
> ne pas chercher à être la maîtresse de maison parfaite. En voulant en faire beaucoup (ménage au top, maison étincelante, petits plats longuement mitonnés et succulents), vous en faites trop… Et vous oubliez que personne ne vous a vraiment demandé d’en faire autant. Vous vous êtes peut-être mis la pression toute seule et vous vous fatiguez inutilement.
> Répartir les tâches en amont (surtout dans les moments où l’emploi du temps s’annonce serré et la charge mentale au max). Même aux plus petits ! Chacun doit faire sa part du colibris. Même minime. Si tout le monde s’y met, cela vous épargnera la douloureuse impression que c’est toujours le/la même (vous en l’occurrence) qui êtes sur le pont.
> Oser dire ces petites “tensions de l’intimité” qui vous mâchent, celles qui vous exaspèrent et vous font perdre patience, celles qui sont pour vous inacceptables. Elles sont monnaie courante en famille recomposée, il ne sait à rien de les nier… pour exploser plus tard !
Parce que l’on peut être d’accord pour faire tourner les machines de linge pour toute la famille 7 jours sur 7, 365 jours par an et bugguer sur… le fait que le linge sale atterrisse systématiquement en dehors du panier et non pas dans le panier. Le tout, c’est de le dire et de se rendre compte que cela peut changer.
« T’es pas mon père ! / ma mère ! / ma soeur ! etc…«
La recomposition familiale est une épreuve d’endurance qu’il vaut mieux commencer… à petits pas et en douceur.
Ce dont la famille recomposée a besoin ?
De compréhension, de compromis, de “prendre sur soi” parfois (souvent) et surtout que chacun y mette un peu du sien.
> Des efforts qui doivent être partagés. La solution : prévenir le jeune, l’ado, que s’il n’est pas forcé d’aimer qui que ce soit, le respect au sein de la nouvelle tribu est indispensable et non-négociable. Le parent “biologique” doit ici être ferme et clairement dire à l’enfant que le beau-parent est en droit d’exercer une forme d’autorité. C’est lui et seulement lui qui peut lui conférer cette légitimité. Et le mieux est de le faire clairement, ouvertement. Les sous-entendus sont beaucoup moins efficaces.
> Vous êtes un beau-parent débutant mais avant tout un adulte responsable en droit d’exercer son autorité sur ses beaux-enfants ? Super, mais n’en abusez pas. Surtout au début de la famille recomposée. Surtout avec des ados. Mieux vaut s’apprivoiser et créer un lien avant de chercher à imposer ses règles. Prenez sur vous au besoin, et laissez le rôle du bad cop au parent biologique le temps d’apprendre à connaître vos beaux-enfants. L’objectif : éviter que l’enfant se braque. La situation serait alors beaucoup plus difficile à rattraper. Soignez la rencontre et vos premiers mois ensemble : toute votre histoire commune découle de ces premiers pas.
Une fois que vous ferez partie de leur vie autrement que comme le ou la partenaire de votre conjoint, vous pourrez alors vous autorisez à vous imposer et à recadrer si besoin vos beaux-enfants… Il y a fort à parier que votre autorité à ce moment-là, même si elle entraîne quelques manifestations de désapprobation, vous vaudront moins de “T’es pas ma mère/mon père, t’as rien à me dire”
« De toute façon, vous ne comprenez rien, vous dans votre famille !«
Une famille recomposée, c’est une famille puzzle. Avec deux histoires, deux éducations, parfois deux systèmes de valeurs parfois bien établis qui viennent se percuter entre quatre murs. Et forcément, cela peut faire des étincelles et menacer l’équilibre de la tribu !
Mais est-ce que cela empêche vraiment tout dialogue ? Toute vie en commun ? Non, bien entendu ! Encore faut-il accepter que les autres fassent différemment, pensent différemment, et ne comprennent pas toujours pourquoi nous, nous pensons et faisons différemment.
Le secret ?
La communication justement. Autant dire que le “De toute façon, vous ne comprenez rien à rien” ne va pas aider. La bonne attitude quand on a l’impression de ne pas être compris : commencer à écouter. Souvent, arcbouter sur le message que l’on souhaite faire passer, on oublie d’écouter ce que l’autre nous dit (et guess what : parfois, il dit la même chose que nous ou presque, mais de manière suffisamment différente pour qu’on ne le capte pas tout de suite). Et puis quand on se tait pour laisser parler l’autre, on lui montre l’exemple. Et il n’est pas rare qu’à son tour, il baisse le ton voire se taise, vous laissant ainsi tout le loisir de développer calmement, sereinement et sans énervement, ce que vous vouliez dire.
Le conseil ?
Evitez le “tu” qui “tue”. Ce grand principe de la communication non-violente marche aussi avec le “vous” qui désigne l’autre morceau de la famille.
L’alternative positive ? Parler au “je” de ses propres besoins. Mise en pratique : au lieu de “Vous ne comprenez jamais rien !”, vous pouvez dire “Je tiens à vous dire quelque chose d’important pour moi. J’ai l’impression de me répéter et de ne pas être comprise. Ecoutez-moi s’il vous plaît”. On parie que vous aurez davantage leur écoute. Surtout si vous expliquez : “laissez-moi vous expliquer et aller jusqu’au bout de mon message. Après, ce sera à vous de vous exprimer sans être interrompu. On s’entendra mieux et on se comprendra mieux ainsi”.
Et si la communication reste difficile parce que tout le monde s’invective ou parle en même temps, faites l’expérience du bâton de parole. Prévoyez un temps d’échange pour parler des sujets importants, des sujets qui fâchent avec pour règle de laisser parler celui qui tient le baton de parole entre ses mains. Pour de meilleurs échanges, vous pouvez décider de limiter le temps de parole de chacun pour que la parole circule justement, qu’il ne soit pas accaparé par les plus “grandes gueules” ou ignoré par les plus réservés. Dans ce cas, demander à chacun de prendre la parole, en temps limité, peut être un super exercice qui a le mérite de délier bien des langues dans une atmosphère bienveillante.