Famille recomposée : ces questions que l’on se pose (sans oser l’avouer)
Vous êtes nombreux maintenant à écrire aux Nichées pour partager vos interrogations et vos doutes. Certaines questions reviennent très fréquemment. Elles parlent souvent des difficultés à trouver sa place en tant que beau-parent, à vivre un minimum sereinement en famille recomposée, et fréquemment aussi, de la culpabilité de ne pas faire assez ou assez bien. Parce qu’elles sont en général rassurantes, nous avons décidé de partager nos réponses, éclairées par l’expertise de psy et de spécialistes qui se sont penchés sur ces questions.
Je n’aime pas mes beaux-enfants, c’est grave ?
Que tout le monde se rassure : personne n’est “obligé” d’aimer qui que ce soit. Et ce n’est pas parce qu’ils sont tout petits, très mignons ou super attachants selon les autres que ça change la donne. Et ce n’est pas non plus parce qu’ils sont la chair de la chair de l’homme ou de la femme que vous aimez que vous devez les aimer spontanément. Ou mécaniquement.
Les sentiments ne se décrètent pas, ils ne sont pas non plus une histoire de (bonne) volonté. Ils apparaissent spontanément, peuvent mettre du temps à naître ou tout simplement ne jamais arriver pour de bon. Mais la bonne nouvelle, c’est que l’amour pour les beaux-enfants n’est pas une condition sina qua none du bon fonctionnement d’une famille recomposée. A partir du moment où l’on se respecte, où l’on fait attention aux relations que l’on a les uns avec les autres au sein de la famille recomposée, tout peut très bien se passer. En tant qu’adulte, il est tout à fait possible de s’occuper d’un enfant et de prendre soin de lui sans ressentir pour autant de l’amour.
Pourtant, nombreuses sont les belles-mères à culpabiliser ne pas ressentir d’amour pour leurs beaux-enfants. Comme si les femmes devaient naturellement être maternantes et aimantes. Si c’est votre cas, pour vous déculpabiliser, posez-vous cette question : qui trouve anormal qu’un enfant n’aime pas son beau-parent ? Personne ! Alors pourquoi ce qu’on trouve normal dans ce sens, ne le serait pas en sens inverse ?
Quand est-ce que notre famille recomposée va trouver son équilibre ? (Et surtout, va-t-elle le trouver un jour ?)
Les premiers mois d’une famille recomposée sont souvent épuisants car ils demandent beaucoup d’adaptation, de compromis… Avec souvent une grande pression pour les parents car on a “envie que ça marche”. Sauf que ces premiers mois sont aussi bien souvent un temps de tensions, de frustrations, voire de franches disputes. Et que parfois, les mois se suivent, nombreux, sans amélioration apparente ! Faut-il s’habituer à vivre en permanence sous tension ? Aux conflits ? Ou peut-on espérer un jour trouver un semblant d’équilibre et d’harmonie en famille recomposée ?
Rassurez-vous, il y a bien de la lumière au bout du tunnel ! Dans son livre “Comment t’aimer toi et tes enfants ?” le psychiatre Christophe Fauré cite le thérapeute familial James Gray qui parle des 24 premiers mois comme étant les plus agités. Il estime quant à lui qu’il faut 3 à 5 ans pour stabiliser une famille recomposée. Les témoignages recueillis sur LesNichées vont dans ce sens : à partir de 3 ans, en général, l’apaisement se fait sentir.
Des familles recomposées heureuses, ça existe ?
Mais oui ! Elles existent bien… Mais on les entend moins que celles qui galèrent sur les forums ou les réseaux sociaux car elles n’ont pas (ou plus) besoin de chercher du soutien ou des conseils. Elles profitent de leur vie de famille sans forcément en dire beaucoup plus sur le sujet.
Certaines ont eu la chance de partir du bon pied : un environnement favorable, des enfants pas trop secoués par la séparation de leurs parents, des ex conciliants qui ne rejettent pas le beau-père ou la belle-mère, pas trop de tensions financières pour profiter de suffisamment d’espace pour tous et ne pas avoir à priver qui que ce soit… Certains facteurs aident à ce que chacun trouve sa place sereinement et qu’un équilibre s’instaure rapidement.
Mais ne mentons pas, d’après les témoignages reçus sur le site, ce n’est pas vraiment la majorité. La plupart des familles recomposées connaissent en général des débuts ou des passages “rock’n’roll”, où chacun est un peu perdu, voire très tendu. Et c’est normal, les tensions sont inévitables, voire inhérentes à ces familles “puzzle” où chacun amène son histoire, ses blessures (pas toujours cicatrisées), ses peurs. Mais souvent, aussi, les tensions finissent par s’apaiser : les membres de la famille s’apprivoisent et trouvent leur place dans la nouvelle configuration… Et bonne nouvelle, ils finissent même par s’y sentir bien !
Le nouveau couple est souvent plus épanouissant pour les parents que celui d’avance (Elise de TheCoolStepFamily en parle très bien ici), les enfants peuvent y trouver leur compte (avec parfois un adulte de confiance “bonus”, voire des frères et soeurs) et en tirer une vraie richesse pour toute leur vie à venir (on en parle justement dans notre article Tout ce que la famille recomposée apporte aux enfants). Bref, la vie recomposée peut être douce, riche, harmonieuse, même si les premiers temps peuvent être chahutés (si vous vous demandez combien de temps ça dure, on vous invite à relire le paragraphe précédent ;))
En tant que belle-mère, est-ce que je suis obligée de bien m’entendre avec la mère des enfants ?
Sur le papier, rien ne vous oblige à fêter les anniversaires ensemble ou à aller prendre des cafés en tête à tête pour parler des enfants ou de l’organisation de la rentrée. Certaines le font, mais la plupart se contentent d’un respect mutuel et prudent, avec juste ce qu’il faut de contacts et d’échanges pour le bien-être des enfants.
Mais ne nous y trompez pas, se dire que l’on n’aura jamais à la croiser, jamais à lui parler et qu’on pourra vivre en couple ou en famille, comme si elle, l’ex, n’existait pas, ce n’est pas possible. Ni vraiment souhaitable pour les enfants. Parce qu’ils ont une mère, qu’ils aiment en plus !, ils vous en parleront. Souvent. Parce que leur vie entre deux maisons implique des contacts réguliers et que les questions au quotidien ne manqueront pas.
Pas besoin de s’apprécier, d’être copines, ou d’en faire des tonnes, bien sûr ! Mais pour le bien-être de tous, mieux vaut jouer la carte de l’entente cordiale. Y compris pour le bien de votre couple : des hommes pris en étau entre leur ex, leur femme (voire leurs enfants), il y en a beaucoup et ils vous le diront : personne ne sort vraiment gagnant de cette configuration-là !
Je n’ai pas envie de rentrer chez moi quand ses enfants sont là, c’est normal ?
Oh que oui ! C’est un sentiment partagé par tellement de beaux-parents ! Mais c’est souvent aussi un problème que l’on tait, par peur de vexer, par peur d’être incompris. Pourtant, il est tout à fait normal de se sentir envahi lorsque les enfants débarquent, envahissent la maison et demandent en permanence l’attention de leur parent. Comment réagir ? Que faire pour se sentir à nouveau chez soi sous son propre toit ?
On vous dit dans les articles suivants : 4 raisons qui font qu’on ne se sent plus chez soi en présence de nos beaux-enfants
Et aussi : Famille recomposée : je ne me sens pas chez moi
Qu’est-ce que je peux faire pour que ses enfants m’acceptent ?
Ne pas trop chercher à vous faire accepter ! Ok, la réponse est facile et ne vous aide sans doute pas vraiment, mais je vais préciser. Première chose à garder en tête : qu’ils vous adoptent ou vous rejettent, ce ne sera jamais à 100% de votre fait. Le lien que les enfants vont créer avec vous dépend notamment de la place que leur parent (votre conjoint) vous laisse dans la famille et surtout, surtout, de ce que dira sa mère vous concernant. Si elle n’accepte pas que jouiez un rôle auprès d’eux et qu’elle vous critique sans cesse (voire leur interdit de nouer tout lien avec vous, ce qui arrive malheureusement), vous aurez le plus grand mal à aller contre le courant.
Deuxième chose qui en découle : dans ce cas ou dans toute autre configuration, dites-vous bien que ce n’est pas vous en tant que personne qu’ils rejettent, mais ce que vous représentez. Peut-être vous voient-ils comme la personne qui a fait que leurs parents se sont séparés. Vous êtes certainement dans leur tête cette personne dont la présence empêchent leurs parents de se remettre ensemble (fantasme quasiment universel des enfants de parents séparés)… C’est votre case dans le nouvel échiquier familial qu’ils rejettent, pas vous ! (ce qui explique d’ailleurs, qu’ils peuvent rejeter d’emblée un beau-parent sans même avoir chercher à le connaître.
Troisième point : il existe quand même quelques recommandations à garder en tête. Ne cherchez pas à imposer votre autoritié tout de suite. Attachez-vous d’abord à nouer une relation, à apprendre à vous connaître. Ensuite, ne critiquez jamais leurs parents, ni l’un, ni l’autre, jamais ! Enfin, ne cherchez pas à vous imposer, que ce soit en optant tout de go pour une familiarité excessive (petits surnoms, calins, etc.) ou par des cadeaux qui leur donneraient l’impression (à raison sur les bords) que vous cherchez à acheter leur affection. Au contraire, essayer de vous intéresser à eux, de manière honnête et sincère, sans trop en faire (croyez-moi, ils ont des petites antennes pour détecter les mensonges ou la mauvaise foi. Et soyez là pour eux, de manière bienveillante et constante, quand ils en ont besoin… c’est déjà beaucoup !
On vous donne plus de conseils sur le sujet dans cet article : Beau-parent : 4 conseils pour se faire accepter
Et dans celui-ci, aussi : Ces nouvelles belles-mères qui veulent trop bien faire