Crises, colères… mes beaux-enfants me font craquer : que faire ?
Les jeunes enfants peuvent parfois faire vriller les parents et les beaux-parents les mieux intentionnés. Caprices, crises en tout genre, refus d’obéir… il n’est pas toujours facile de savoir comment réagir, surtout quand on n’a pas forcément l’habitude des jeunes enfants ? Comment se faire respecter avec bienveillance ? Recadrer sans crier, ni braquer ? Nos conseils et les décryptages précieux de Marine Manard, neuropsychologue et autrice de “Eduquer sans violence” pour comprendre ce qui se passe dans leur tête et savoir quoi faire.
Il refuse que je m’occupe de lui !
Le décryptage de Marine Manard : “Si l’enfant ne veut pas faire certaines choses à faire avec le beau-parent au début, ce n’est pas grave… Même si cela peut être blessant pour nous et pour le rôle de beau-parent que nous nous sommes fixés. Mais un peu comme quand on devient parent tout court, il y a souvent un monde de différences entre ce qu’on imaginait et la réalité.”
Son conseil : mieux vaut laisser le choix à l’enfant de venir vers le beau-parent quand il est prêt, quand il en a envie, et ne pas le lui imposer. Ce n’est pas forcément céder à une éventuelle manipulation de sa part. Mais c’est lui laisser la liberté de choisir, de venir à son rythme. Et quand ce n’est pas possible autrement, il faut le lui expliquer : “Ni papa, ni maman ne peuvent t’amener au foot mercredi. C’est Claudia qui t’accompagnera”.
Mon beau-fils ou ma belle-fille me manipule !
Le décryptage de Marine Manard : “On a une méfiance vis-à-vis des enfants, on a souvent l’impression qu’ils vont vouloir nous dominer. Mais en changeant de regard, on peut vite se rendre compte qu’on leur demande souvent des choses que nous, en tant qu’adulte, nous ne faisons pas ! Par exemple, on leur demande d’être empathiques, de comprendre que notre vie d’adulte est compliquée. Mais dans l’autre sens, on pourrait comprendre aussi à quel point leur vie à eux est compliquée.
L’école est compliquée, les devoirs, se dépêcher… cette vie à 100 à l’heure à laquelle nous nous somems habitués avec les années, mais qui les empêche parfois de se poser ou de faire ce dont ils ont envie…
Il faut comprendre que finalement, nous sommes beaucoup plus libres de nos actions qu’eux. Nous sommes libres de craquer et d’acheter ces bonbons qui nous font envie, personne ne viendra nous dire “non” ! Eux ne le sont pas. Ils ne peuvent pas décider d’acheter ou non ce jouet qui leur fait envie, de manger ou non ce bonbon. On leur dira souvent non, on leur dira parfois oui. Ils ne comprennent pas toujours et surtout ils ne contrôlent pas grand-chose.
Alors ils vont chercher à contrôler ce qu’ils peuvent. Mais la recherche de contrôle des enfants n’est pas un besoin de domination. Ce n’est pas un besoin de manipulation contre vous. »
Notre conseil : Après une séparation parentale, le monde d’un enfant est bouleversé, il perd tous ses repères et va chercher à reprendre du contrôle. Ses tentatives ne sont pas dirigées contre vous en tant que personne. Tous ses repères sont à reconstruire, et il faut du temps pour les reconstruire ensemble. Posez-les ensemble, avec son parent. Et impliquez l’enfant autant que possible dans les règles qu’il faut respecter.
Et si possible, laissez-lui des marges d’action, des moments où il peut avoir le choix. Cela lui donnera l’impression de compter, d’avoir un peu de contrôler et d’avoir un peu prise sur la nouvelle vie de la nouvelle famille.
A LIRE
Envie de mieux comprendre comment “fonctionne » votre enfant ou votre bel-enfant ? Comment répondre à ses réactions avec bienveillance ? Eviter toutes les formes de violence éducative ? Marine Manard a écrit ce livre “trousse à outils” pour aider tous les parents et coparents à éviter punitions, chantage, menaces, humiliations et intimidations… Et à les remplacer par des méthodes efficaces pour retrouver des relations plus sereines avec les enfants.
Eduquer sans violences, de Marine Manard, Editions Dunod, 17, 90 euros. A commander ici
Mes beaux-enfants me poussent à bout : comment éviter d’exploser ?
Le décryptage de Marine Manard : “Si on sent qu’on va déborder et qu’il y a des risques que l’on devienne violent, il faut idéalement se retirer et passer la main à quelqu’un d’autre. C’est la sécurité qui prime.
Mais il faut savoir que ce n’est pas forcément génial pour l’enfant de voir que si on déborde on s’en va, pas génial. Car si on dit : « je vais me calmer et je reviens », l’enfant n’a aucune idée de comment on se calme. Il n’apprend rien de ça et surtout, cela peut faire des enfants qui partent en claquant la porte, sans savoir comment se calmer une fois derrière la porte claquée.
Notre conseil : L’idéal est de calmer le volcan ensemble pour lui montrer qu’il est possible d’apaiser sa colère et lui apprendre comment faire. En respirant pour faire un retour au calme, en expliquant ce qui nous met en colère, ce qu’on ressent qu’il ne voit pas toujours. Et en cherchant ensemble des solutions pour éviter que cela se reproduise à l’avenir.
Et si je craque, que puis-je faire ?
Le décryptage de Marine Manard : “Il n’est pas toujours possible de garder son calme, même quand on veut être bienveillant. Crier parce qu’on n’est fatigué, ça arrive. Cela n’a rien à voir avec le fait d’utiliser la violence, les cris pour inculquer de force des comportements à un enfant.
Au contraire, ça peut apprendre à l’enfant que les adultes aussi ne sont pas parfaits, qu’ils peuvent reconnaître leur faute et s’excuser. Pour cela, il est important de pouvoir se remettre en question et demander pardon. Ce n’est pas toujours évident pour nous adultes, de le faire. On peut nous avoir fait entrer dans la tête que les adultes (à plus forte raison les parents) ont toujours raison et ne doivent pas s’excuser. Je pense que le faire auprès des enfants peut être au contraire une très belle leçon de vie.
Notre conseil : Utiliser des mots simple “Je suis désolée, je me suis mise en colère. On va essayer ensemble de trouver ce que l’on peut faire pour éviter que ça recommence. Ok ?”
Ca lui apprendra aussi, par la même occasion, à s’attribuer la responsabilité de ses actes et à ne pas toujours rejeter la faute sur les autres. Oui, notre comportement peut découler d’une raison interne, de nos émotions… Ce n’est pas toujours la faute à la voisine, au petit frère ou autre !
A LIRE
Eduquer sans violences, de Marine Manard, Editions Dunod, 17, 90 euros. A commander ici