Annoncer un bébé en famille recomposée
Famille recomposée

Famille recomposée : comment annoncer l’arrivée d’un bébé aux enfants

Ils ont connu la douleur de voir leurs parents se séparer, les déménagements, l’entrée d’un beau-parent dans leur vie, la recomposition… Les parents peuvent craindre que les enfants des familles recomposées vivent mal l’annonce de l’arrivée d’un nouveau bébé. Et c’est légitime : si certains enfants se disent tout de suite ravis, d’autres peuvent avoir des réactions assez virulentes. Emmanuelle Drouet, psychologue, nous donne quelques conseils pour soigner l’annonce de la grossesse et préparer au mieux et au plus tôt, l’arrivée du nouvel enfant.

1- Leur annoncer en premier

L’explication de la psy : “C’est vraiment la première chose à garder en tête : il est important de leur parler de la grossesse et du bébé à venir en premier !”, insiste Emmanuelle Drouet. “Il est capital qu’ils aient la primeur de l’annonce. Pas les grands-parents, la cousine ni la meilleure amie ! Leur annoncer l’arrivée du bébé en tout premier, c’est leur montrer de la considération d’abord, mais c’est aussi la garantie qu’ils ne l’apprendront pas par d’autres personnes, ce qui peut être terrible en termes de confiance”.

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Emmanuelle DROUET (@peripepsy sur instagram) est psychologue clinicienne depuis 20 ans. Maman et belle-mère, elle vit à Vincennes en famille recomposée.

En parallèle, elle écrit des romans dont le dernier, L’écho des souffrances silencieuses vient de paraître aux éditions Jouvence.

2- Leur annoncer en même temps (quand la fratrie est recomposée)

L’explication de la psy : “C’est important que l’annonce soit faite à tous les enfants en même temps, surtout s’il y a des enfants du côté de chaque parent. La configuration à éviter absolument : que des enfants soient au courant avant d’autres. Ce qui n’est pas toujours facile quand on a  des rythmes de garde désynchronisés !

Ensuite, soit on choisit de faire l’annonce en même temps avec tous les enfants, par exemple en les réunissant tous ensemble dans le salon. Soit on choisit, et je crois que ce n’est pas une mauvaise idée, de l’annoncer à ses propres enfants séparément.

Pourquoi je trouve que c’est préférable ? Quand on connaît bien ses enfants et qu’on soupçonne qu’ils ne vont pas avoir une réaction enjouée ou positive – ce qui peut être très blessant pour l’autre parent – cela permet d’accueillir cette parole-là dans un cadre intime et rassurant. Cela permet à l’enfant de se livrer plus facilement, et au beau-père ou la belle-mère d’être un peu épargné.e par les réactions des petits. 

Cela permet aussi de libérer la parole d’enfants qui n’oseraient pas parler librement devant leur beau-parent ou devant les autres enfants. Certains ont très tôt la volonté de ne pas blesser, de ne rien dire alors qu’ils sont en colère, tristes ou, en tout cas, qu’ils auraient besoin de parler.

Mais j’insiste : le plus important est que cela soit fait dans une même temporalité (par exemple dans deux pièces différentes). Car si les enfants se parlent avant que vous ayez pu l’annoncer, cela peut être perturbant et angoissant pour votre ou vos enfants. Ils pourraient avoir l’impression de ne pas pouvoir vous faire confiance, vous, son parent ! Ils pourraient se sentir trahis. Bref, mieux vaut leur épargner ce choc.”

Quand les enfants ont des réactions à chaud parfois glaciales

Vos enfants n’ont pas partagé votre joie quand vous leur avez parlé du bébé ? Leur réaction particulièrement virulente vous rend triste ? “Gardez toujours en tête que la réaction qu’ils vont avoir au moment de l’annonce ne sera pas la même que celle qu’ils auront au moment de la rencontre, quand ils accueilleront le bébé”, rassure Emmanuelle Drouet. Il n’est pas rare que ceux qui disaient ne pas vouloir de ce petit frère ou de cette petite soeur soient conquis une fois le bébé là, qu’ils le tiendront dans leurs bras. Accueillez donc cette réaction pour ce qu’elle est – un débordement d’émotion à chaud – et laissez toujours un espace de discussion pour qu’ils se sentent autorisés à vous dire leur colère, leur tristesse, leurs peurs… C’est sans doute le meilleur moyen pour eux d’apprivoiser l’idée de ce nouvel inconnu qui va rentrer dans leur vie.

3 – Leur parler de l’arrivée du bébé de manière positive

L’explication de la psy : “Cela vous paraît évident ? Pourtant ce n’est pas toujours ce que l’on fait !, prévient Emmanuelle Drouet. Or il est essentiel de communiquer autour de l’arrivée de ce bébé dans la famille recomposée de manière positive, enjouée, enthousiaste. Pourquoi ce n’est pas toujours le cas ? Parce que, parfois, on a tellement peur que nos enfants prennent mal l’annonce de la naissance qu’on va prendre beaucoup (trop !) de précautions, notamment dans sa communication non verbale : des hésitations, des mains qui se nouent, des signes de tensions… L’enfant peut se dire “maman grimace, elle n’arrive pas à trouver ses mots, attention, c’est pas bon signe !”.

C’est important d’annoncer la chose de manière légère, positive. Même si nous appréhendons la réaction de l’enfant. Nos pincettes peuvent être contreproductives car elles risquent de conditionner sa réaction. S’il nous voit hésiter et être tendu.e alors qui lui-même est remué par l’annonce, cela va accentuer sa posture réservée, voire hostile.

Ca ne vous empêchera pas ensuite, d’accueillir sa parole, de lui demander “qu’est-ce que ça te fait ?”, “comment tu imagines ça ?”, “qu’est-ce que tu ressens dans ton coeur quand je te dis ça ?” Un conseil : glissez-lui simplement “Tu peux me dire tout ce que tu as sur le cœur”. Une invitation toute simple pour lui permettre de verbaliser ce qu’il ressent.”

4- Les rassurer sur leur place et notre amour

L’explication de la psy : “Au moment d’annoncer l’arrivée du bébé, il faut rassurer nos enfants. Je n’aime pas les “il faut” mais là, c’est important et j’insiste : il faut souvent rassurer les enfants. Les rassurer sur l’amour qu’on leur porte, sur le fait que même avec l’arrivée d’un bébé, il y aura toujours de la place pour eux dans notre cœur et que l’on va continuer à les aimer. On peut sortir des photos de notre grossesse, quand ils étaient dans notre ventre, ou quand ils étaient bébé, pour les raccrocher à cette période-là.

C’est d’autant plus important d’être très rassurant avec les enfants qui ne sont pas là très souvent. Par exemple, les enfants qui ne sont là qu’un week-end sur deux. Ceux-là pourraient, encore plus que les autres,  avoir peur d’être tout simplement remplacés, voire oubliés…”

Journaliste depuis plus de 20 ans, ancienne rédactrice en chef de Psychologies.com, je m'intéresse depuis toujours aux questions familiales et la psycho au sens large. Je suis moi-même mère et belle-mère et partage ici les meilleurs conseils d'experts pour vivre le plus sereinement possible le quotidien de parent séparé, que vous viviez en famille monoparentale ou recomposée.