Séparation des parents : à quel âge est-ce le moins difficile pour les enfants ?
Parent séparé

Séparation des parents : à quel âge est-ce le moins difficile pour les enfants ?

Attendre que les enfants grandissent pour se séparer, est-ce forcément un bon choix ? Pas si simple ! Car si l’impact de la séparation des parents varie effectivement selon le développement émotionnel et cognitif des enfants, l’âge est loin d’être le seul facteur à compter. Existe-t-il alors une période où cette épreuve serait moins difficile à traverser pour eux ?

C’est une idée qui circule souvent, des chiffres que l’on se partage autour d’un café : les enfants entre 8 et 14 ans seraient ceux pour qui la séparation de leurs parents serait le plus difficile. A accepter pour certains (avec les conflits qui vont avec…) et à vivre pour beaucoup d’autres (avec des conséquences sur leur bien-être, leur implication scolaire, etc…).

D’autres parents vous diront qu’il vaut mieux se séparer tôt, parce que l’enfant de moins de 3 ans n’a pas de souvenir. L’idée : s’il ne se souvient pas de ses parents, s’il ne se rappelle pas les circonstances de la séparation, il souffrira moins.

Mais dans un cas comme dans l’autre, est-ce bien vrai ? En réalité, aucune étude ou recherche sérieuse ne vient le confirmer. En revanche, les spécialistes se sont penchés sur l’impact du divorce sur les enfants selon leur âge. L’objectif : aider les parents à comprendre ce qu’il se passe dans la tête et le cœur de leur enfant, pour les accompagner au mieux dans cette phase sensible.

Les tout-petits (de 0 à 2 ans) : l’âge de l’attachement

Pour les enfants de moins de trois ans, la compréhension des dynamiques familiales est limitée. Ils ne saisissent pas toujours pleinement la signification d’une séparation. Toutefois, ils absorbent à cet âge les émotions et l’affect de ceux qui les entourent. Et surtout, c’est le moment où commencent à se mettre en place leurs fondements émotionnels et psychologiques. Leurs capacités d’attachement, la façon dont ils vont exprimer leurs émotions, leur capacité à faire confiance… Une grande partie de tout cela se forge pendant cette période et peut être impacté par ce qu’ils perçoivent des tensions, des émotions autour de la séparation. Surtout qu’à cet âge, leur monde repose essentiellement sur un sentiment de sécurité.

Que faire pour adoucir la séparation ? La qualité des interactions avec leurs parents reste primordiale. Une rupture mal gérée pourrait affecter leur attachement et leurs futurs rapports sociaux. Les spécialistes insistent sur l’importance d’une présence régulière des deux parents, le maintien de relations solides avec les autres personnes qui s’occupent d’eux (famille, amis, mode de garde…) et la poursuite de routines rassurantes. 

A la maternelle (3-6 ans) : une sensibilité accrue

C’est l’âge du développement et de l’émerveillement, où l’identité personnelle, les compétences sociales, l’empathie et la régulation des émotions commencent à se développer. 

C’est aussi l’âge de la curiosité et des nombreuses questions sur l’environnement. Ils alors sont capables de percevoir que leur univers familial change. Mais ils n’ont pas encore les outils pour exprimer leur malaise, ce qui peut se traduire par des régressions dans les apprentissages ou des troubles du comportement.  C’est également l’âge où ils peuvent aussi se sentir responsables de la séparation, souvent en dehors de toute logique, en se disant par exemple « C’est parce que j’ai fait une bêtise l’autre jour/parce que je me suis fait gronder à l’école/ parce que je n’ai pas mangé mes brocolis que papa et maman se séparent. »

Que faire pour adoucir la séparation ? Il est essentiel de rassurer l’enfant, d’être cohérent et d’avoir des conversations ouvertes et adaptées à son niveau de compréhension. Mettre des mots simples sur ce qu’il vit, sur ce qui va se passer. Et surtout démonter cette croyance qu’il pourrait être responsable de la séparation de ses parents, même s’il ne l’évoque pas directement.

L’école primaire (6-12 ans) : une plus grande compréhension, mais des enjeux émotionnels

Les enfants d’âge scolaire (entre six et douze ans) comprennent mieux la notion de séparation. Cependant, cette conscience accrue peut amplifier leur douleur et ils peuvent éprouver une gamme d’émotions, allant de la tristesse à la colère, qu’ils comprennent et maîtrisent encore mal. Ils doivent alors jongler entre leurs besoins émotionnels, les apprentissages sociaux et les exigences scolaires. Surtout que certains vivent mal les ajustements, comme le partage du temps entre deux foyers. 

Que faire pour adoucir la séparation ? Cet âge est également propice au dialogue et leur offrir un espace pour exprimer librement leurs sentiments peut vraiment les aider. Ces temps de dialogues sont aussi le bon moment pour les rassurer sur le fait que leurs deux parents restent présents – et impliqués- dans leur quotidien et leur avenir.

L’adolescence : des réactions complexes

Les adolescents, en pleine construction de leur identité, peuvent percevoir la séparation parentale comme une perturbation majeure, à un âge où ils sont en quête d’indépendance et de construction identitaire. Certains adoptent une attitude de rejet vis-à-vis d’un parent ou, au contraire, cherchent à protéger l’un des deux. Ce rôle de « tampon » peut perturber leur propre équilibre. Certains peuvent adopter des comportements à risque, tandis que d’autres peuvent se replier sur eux-mêmes. 

Que faire pour adoucir la séparation ? L’adolescence présente aussi des forces, notamment parce qu’on s’entoure à cet âge d’amis. Ce nouveau cercle de proches, ses pairs, prend une grande importance pour l’équilibre de l’ado qui peut aller y chercher de la compréhension, du soutien, des distractions. Du côté des parents, un dialogue ouvert, tout en respectant leur jardin secret et leur besoin d’autonomie, est essentiel pour les accompagner durant cette période.

Et chez les jeunes adultes ? Pas si facile !

Voir ses parents se séparer quand on est adulte est loin d’être facile ou indolore. Il arrive souvent que les “grands enfants” vivent particulièrement mal ce changement quand eux-mêmes sont à des moments charnière de leur vie.  Les spécialistes reconnaissent qu’à l’âge adulte, la séparation des parents peut avoir des répercussions, notamment en influençant la perception des relations amoureuses et la confiance envers autrui. Anxiété, dépression, difficultés à s’engager dans des relations amoureuses stables… Un soutien psychologique peut les aider à naviguer dans ces sentiments complexes et souvent sous-estimés (ou non-écoutés) du fait de leur âge.

Un âge « idéal » ? Une question à nuancer

Si l’âge influe sur la façon dont les enfants vivent la séparation de leurs parents, l’idée qu’il existe un âge « moins difficile » reste donc complexe.  En fin de compte, c’est avant tout la façon dont la séparation est gérée par les adultes qui va influer sur la résilience de l’enfant. 

La priorité, quel que soit leur âge : préserver leur sentiment de stabilité. Les conflits ouverts, le dénigrement d’un parent ou encore son instrumentalisation par l’un ou l’autre sont autant de facteurs aggravants. Au contraire, une séparation bien préparée et bien gérée, préservant autant que possible l’équilibre de l’enfant et un environnement stable, serein et prévisible, vont grandement les aider à faire face.

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Journaliste depuis plus de 20 ans, ancienne rédactrice en chef de Psychologies.com, je m'intéresse depuis toujours aux questions familiales et la psycho au sens large. Je suis moi-même mère et belle-mère et partage ici les meilleurs conseils d'experts pour vivre le plus sereinement possible le quotidien de parent séparé, que vous viviez en famille monoparentale ou recomposée.