La culpabilité, sournoise invitée de la famille recomposée
Famille recomposée,  The Belle-mère diary

La culpabilité, la très sournoise invitée de la famille recomposée

[The Belle-Mère Diary] “C’est le lot de tous les parents…”, “C’est un impondérable en famille recomposée…”, “C’est la mission de toute une vie…” Ces 3 phrases sont toutes des phrases de thérapeute tombées un jour dans mon oreille. 3 phrases qui ne m’ont pas tout à fait rassurée, pour être honnête… Mais qui ont contribué à me rendre compte de la place que prend cette saleté de culpabilité en famille recomposée en général, et dans ma vie en particulier. 

Si je devais résumer mon rapport à la culpabilité, je dirais que…

Je culpabilise de faire grandir mes enfants avec des parents séparés
De ne pas avoir réussi à sauver leur famille d’origine 

Je culpabilise quand ils me quittent pour repartir avec leurs petits sacs chez leur papa
Je culpabilise quand ils doivent quitter leur papa pour revenir chez moi avec leurs petits sacs 

Je culpabilise quand je ressens un peu de soulagement à l’idée d’avoir quelques jours à moi, sans eux
Mais aussi quand ils rentrent et que j’ai peur de ne pas arriver à tout gérer pendant cette semaine avec eux

Je culpabilise parce que j’ai l’impression de ne jamais assez m’occuper d’eux la semaine où ils sont avec moi
Je culpabilise quand je laisse trop filtrer à quel point ils me manquent quand ils ne sont pas avec moi

Je culpabilise quand je suis trop stricte avec eux alors qu’ils ne vivent avec moi que la moitié du temps
Je culpabilise quand je suis trop coulante avec eux parce que je ne les ai près de moi que la moitié du temps

Je culpabilise quand je ne m’occupe pas assez de mes beaux-enfants
Mais aussi quand je m’occupe d’eux et que j’ai l’impression de délaisser mes propres enfants.

Je culpabilise quand je passe plus de temps avec mes enfants et moins avec mon conjoint
Je culpabilise quand je passe du temps avec mon conjoint et que j’ai l’impression de délaisser mes enfants.

En résumé, la vraie question serait plutôt “qu’est-ce qui NE me fait PAS culpabiliser ?” dans la vie en famille recomposée.

Famille recomposée, maxi culpabilité

Je suis sans doute une excellente candidate : la culpabilité, c’est un peu ma plus longue relation d’amour. Passionnelle, douloureuse… Une histoire d’emprise commencée très jeune et dont je ne peux pas encore tout à fait me défaire. 

Mais c’est surtout que la famille recomposée est LE piège idéal pour les personnes comme moi, qui doutent, se disent par défaut qu’elles doivent forcément être pour quelque chose quand il arrive un truc pas cool à leur entourage et qui craignent de ne jamais en faire assez. La position de belle-mère, de mère, de femme offre une palette quasi infinie de remises en question, auto-accusations, auto-dénigrement… Et autant d’occasions pour chaque membre de la famille recomposée d’appuyer sur le gros bouton rouge qui actionne les ruminations et la perte de confiance en soi.

Il faut être sacrément sûre de soi et être suffisamment lucide pour remettre chacun à sa place, avec ses responsabilités propres, et sacrément ancrées pour ne pas se laisser refiler des responsabilités qui ne sont pas les nôtres… avec la culpabilité qui va avec.

A lire 
Au Diable la culpabilité, d’Yves Alexandre Thalmann, Jouvence Poche

La face cachée de la culpabilité

Ce qui m’a aidée sur ce chemin. Un petit livre  – Au Diable la culpabilité d’Yves Alexandre Thalmann, un petit poche de rien du tout qui a changé ma vie – par une idée qui y est développée : la culpabilité serait en fait le revers d’une médaille que je ne soupçonnais pas et qui s’appelle le fantasme de toute-puissance. Quand on culpabilise tellement, c’est souvent parce que l’on se sent en responsabilité de tout et que l’on se fantasme quelque part… capable de tout (sauver en l’occurrence).

Sauf qu’élever des enfants et faire vivre sereinement une famille recomposée dans son ensemble ne peut pas reposer sur une seule personne. Fut-elle une mère exemplaire, une belle-mère 5 étoiles, et une femme tout simplement exceptionnelle (rires jaunes). Non. A partir du moment où l’on est deux dans le couple et plusieurs dans la famille, quand il y a des ex, d’autres parents, des enfants aussi, tout ne repose pas sur vous. Ni sur moi. 

Apprendre à lâcher sa culpabilité

Renoncer à ce sentiment de puissance exacerbée, ça veut dire reconnaître ses limites, renoncer à tout vouloir maîtriser, apprendre à lâcher-prise. S’alléger d’une responsabilité délirante face à laquelle on ne se sentirait JAMAIS à la hauteur. Mais ça fait aussi super peur de reconnaître qu’on n’a pas le contrôle.

J’ai appris à accepter que tout ne repose pas sur moi. Et à accepter les petits accidents sur le chemin. Même si je ne peux m’empêcher de vouloir colmater toutes les brèches, sécher toutes les larmes, résoudre tous les problèmes pour qu’on vive tous heureux, tous ensemble…. Ma mission désormais est de ne plus me laisser déborder par ce sentiment si fourbe qui me dit que je n’en fais jamais assez.

Je ne suis pas en train de vous faire miroiter une solution miracle si vous êtes, comme moi, particulièrement exposés à cette saleté. Mais j’ai tout de même un petit message d’espoir à vous transmettre : on peut faire baisser le volume de notre culpabilité. Comme bien souvent, le premier pas, c’est d’en prendre conscience. 

Et chez vous, la culpabilité, ça va comment ?
Racontez-nous sur contact (at) lesnichees.com

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Rédactrice depuis presque 20 ans, Coralie s'est spécialisée dans les sujets lifestyle et tout ce qui touche la famille (société, psychologie, éducation, développement de l'enfant, bien-être...). Mère et belle-mère, elle chronique régulièrement sur Les Nichées ses coups de coeur et sa vie en famille recomposée.