Vivre en famille recomposée, c’est vivre avec des fantômes
The Belle-Mère Diary – Ils sont toujours là, plus ou moins visibles, tantôt discrets, tantôt envahissants ! En famille recomposée, on n’en finit pas de croiser les spectres de la vie d’avant : ceux du couple précédent, de la famille précédente, d’une histoire qui est terminée mais qui ne se laisse pas oublier… Faute de toujours pouvoir les ignorer ou les exorciser, il nous reste à les apprivoiser. Bienvenue dans ma maison hantée !
Si je devais choisir une image, je dirais que reconstruire une famille recomposée, c’est rebâtir une histoire et une vie de famille sur des cendres parfois encore brûlantes, des sables parfois encore mouvants et sur des fondations préexistantes que l’on n’a pas choisies (si c’était à refaire… franchement, on ferait autrement !).
Vous avez l’idée : la séparation crée des remous, voire des ondes de choc à très long terme et la famille d’avant, pourtant dissoute, ne se fait jamais complètement oublier.
La présence parfois envahissante de l’ex
Alors, oui, on sait quand on s’engage dans l’aventure, qu’il y a eu une autre femme, un homme avant, qu’avec les enfants il y aura toujours un lien, des appels pour caler la rentrée ou les rendez-vous chez le doc… Mais ce qu’on ignorait, c’était la dose. La fréquence. La position du curseur. En gros, le volume sonore du Poltergeist et son impact sur le quotidien.
Car les appels “organisation et vie de l’enfant”, ce n’est pas toujours 3 fois par mois comme on l’imaginait, mais souvent tous les jours, plusieurs fois par jour. Le bip des notifications devenant pire qu’un bruit de chaînes dans un grenier obscur. Tout cela pour des raisons que l’on comprend, et d’autres moins, notamment quand on est très loin des “grands sujets” qu’on avait imaginés. Le petit a eu un peu la diarrhée la nuit dernière ? Ok, il y a peut-être un truc à suivre. Mais quand le petit a 16 ans, ca mérite vraiment 3 appels dans la journée et une visio le soir (true story, demandez à ma copine Babeth) ?
La délicate question des photos de la famille d’avant
L’autre jour, sur Insta, c’est la question des photos qui a fait ressurgir le débat. Parce que oui, très souvent, les enfants ont envie d’avoir des photos de l’autre parent dans leur chambre. Ok, pas ok ? Pour moi, c’est ok, je comprends que leur père leur manque, mais je sais que les photos de l’ex dans les chambres des beaux-enfants, c’est pas une ombre discrète mais un ectoplasme exposé au grand jour sous notre toit. Et pour certaines, c’est difficile. La palme ? La photo de papa et maman ensemble, un jour de grand bonheur (mariage, naissance)… C’est Paranormal activity en plein cœur de ta maison !
Des ressemblances… frappantes
Et puis il y a des fantômes plus subtils, plus fourbes aussi. Les mots dans la bouche des enfants qui ne sont pas les leurs, mais ceux de l’autre parent. Les attitudes, les mimiques qui tout d’un coup nous donnent l’impression d’être en face de “l’autre” et non plus du bel-enfant. Il faut dire qu’il y a cette ressemblance avec l’ex, ces manières de faire, de dire et de penser… jusqu’aux vêtements empruntés à la maman, qui ont filé une peur bleue à une autre de mes copines, le jour où elle a cru croiser l’ex de son mari dans le miroir de la salle de bains (alors que c’était juste sa belle-fille qui avait piqué le sweat de sa mère et vraisemblablement aussi, sa technique de maquillage). Le 6ème Sens ou pas loin !
Tout ça mis bout à bout, quand le couple a chacun une histoire terminée et des enfants de son côté, ça fait beaucoup, beaucoup d’esprits à la table du déjeuner ou autour de la TV. Des invités officieux, pas vraiment invités d’ailleurs, et dont on se passerait bien… Car elles en prennent de la place, ces apparitions.
Mon conseil au bout de 5 ans de maison hantée : inutile de crier, d’appeler un exorciste, ou d’interdire de prononcer leur nom, ils seront toujours là, ces fantômes. Les sages disent qu’il faut lâcher prise, qu’ils sont moins omniprésents quand on leur concède une petite place et qu’on fait peu de cas de leur présence. Et c’est vrai, avec les années, c’est la solution que j’ai trouvée : ne plus lutter pour ne pas les voir, ne plus croire qu’ils finiront par disparaître tôt ou tard, accepter que les enfants les convoquent quand ça leur chante.
Depuis, c’est toujours un peu Ghostbusters à la maison mais je les prends pour ce qu’ils sont : des revenants, certes un peu encombrants, mais finalement plus si menaçants.
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