5 conseils pour reprendre sa vie en main, avec ses enfants, après une séparation ou un divorce
La séparation décidée et actée, il faut désormais passer à l’étape suivante. Mais cette nouvelle vie à reconstruire, en solo avec les enfants, est une inconnue intimidante. Comment imaginer la suite malgré les incertitudes, les émotions fortes qui sont encore très présentes et les enfants qui sont très en demande ? Voici les conseils de Doriane Boudeville, psychopraticienne, pour poser les bases d’un quotidien neuf et serein, pour vous comme pour vos enfants.
1- Organiser rapidement le quotidien de l’après-séparation
La déflagration de la séparation est parfois tellement forte que certains s’en trouvent sidérés… et incapables, un temps, d’aller de l’avant. Quand la tristesse l’emporte, aussi, se remettre en mouvement pour imaginer une vie sans l’autre peut être excessivement dur. Pourtant, c’est souvent le premier signe que le processus de deuil est enclenché et que petit à petit, vous vous apprêtez à tourner la page. Et dans la foulée, reconstruire pour vous et votre ou vos enfants, une nouvelle vie.
La période de transition, pendant laquelle règne le plus grand flou (qui reste ?, qui part ?, qui garde la maison ?, quel mode de garde pour les enfants ?…) est hyper perturbante voire traumatisante pour tout le monde. La cohabitation du couple séparé est une période à hauts risques. Quand elle dure trop longtemps, les tensions nées de la séparation (tristesse, colère, frustrations…) peuvent se transformer en conflits ouverts, qui viennent compliquer voire rendre impossible la coexistence et le dialogue.
Pour toutes ces raisons, il est plutôt recommandé de l’écourter autant que possible, ce temps de cohabitation sous tension. En sachant que malheureusement, pour des raisons liées aux enfants ou aux finances de chacun, ce n’est pas toujours possible.
Pour les enfants aussi, le facteur temps est important, nous confirme Doriane Boudeville, psychopraticienne à Boulogne : ”A partir du moment où la séparation a été nommée, plus vite l’organisation pour l’enfant peut être expliquée, mieux c’est. Qu’a-t-il besoin de savoir ? Il a avant tout besoin de comprendre quand il va voir papa, quand il va voir maman, quand il va voir ses grands-parents, etc… Il est aussi important pour l’aider de recréer des rituels, de retrouver des moments de qualité avec son parent quand il est avec lui… En un mot, remettre du positif – notamment des repères positifs – dans ce nouveau schéma familial.”
Doriane Boudeville est psychopraticienne à Boulogne (92). Elle accompagne notamment les enfants et les adolescents dans leurs difficultés mais reçoit également beaucoup de parents séparés qui peinent notamment à équilibrer leurs relations avec leurs enfants et à reconstruire une vie harmonieuse après le divorce.
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2- Etablir une communication aussi apaisée que possible avec l’autre parent
Vous êtes désormais séparés, mais vous restez parents d’un ou de plusieurs enfants. Les contacts et même des échanges réguliers avec votre ex vont être nécessaires, voire indispensables si vous optez pour la résidence alternée.
Cette communication doit être la plus efficace possible, mais elle est parfois malheureusement une brèche dans laquelle certains s’engouffrent pour régler leurs comptes… Les premiers mois – ce temps où tant de choses doivent être décidées et mises en place – sont parfois hyper compliqués en termes de communication. Les tensions et désaccords peuvent apparaître mais la violence verbale ne devrait jamais s’y inviter. Comment faire pour éviter l’escalade ?
“Avant tout, il est important d’établir des limites émotionnelles pour soi-même, avance Doriane Boudeville. Pour se préserver au maximum, je conseille de décider à quel moment on souhaite ces échanges (dans la journée, hors de chez soi, à la maison, loin des oreilles des enfants, etc…) et quel temps vous décidez d’y accorder. Se poser ces questions – sur ce qu’on est prêt à accepter en général – permet de ne pas se laisser envahir par l’autre, par son agressivité. Poser des limites d’emblée servira d’ailleurs pour la suite. Bien sûr que vous êtes ok pour communiquer sur les points absolument nécessaires pour la vie de l’enfant ! Mais cela ne veut pas dire que vous êtes prêt.e à tout accepter, l’autre doit le comprendre !”
Et c’est tout un apprentissage à faire, qui n’est pas forcément évident de prime abord, poursuit la psy. “Il faut comprendre qu’on doit écouter (vraiment) l’autre parent, dans les moments de tension surtout. Je pense qu’il est aussi important d’apprendre à reformuler ce que l’autre dit, pour éviter autant que possible les confusions, les malentendus ou les répétitions sans fin qui sont usantes. En tant que parent, nous devons nous-mêmes apprendre à définir et à bien expliquer les problèmes et les solutions auxquelles on pense… Plus nous sommes clairs, mieux c’est ! Mais il faut également apprendre, plus globalement, à communiquer les “bonnes choses”, c’est-à-dire les vrais sujets : éviter les sujets parasites, les règlements de compte, tout ce qui concerne plus les rancoeurs et les conflits que l’enfant lui-même.”
Doriane Boudeville le répète : les parents séparés restent une équipe parentale pour les enfants. En revanche, tout ce qui ne concerne pas directement l’enfant doit être travaillé de leur côté (notamment tout ce qui touche au couple, qui peut être ultra douloureux mais qui peut faire l’objet d’un travail individuel pour passer le cap). C’est en tenant les sujets sensibles à distance que les co-parents peuvent éviter de souffler sur les braises de la discorde : “Si l’autre revient sur ces sujets, recentrez la discussion, en rappelant le cadre à ne pas dépasser. Par exemple : « pour le bien de l’enfant, on va se parler de ces sujets prioritaires mais pas de nos problèmes. » Quitte à le rappeler (très) souvent…”
3- Laisser l’enfant en-dehors des différends et des conflits des parents
“L’enfant ne doit pas être au milieu de vos désaccords et de vos conflits”, martèle Doriane Boudeville. “On ne l’implique pas dans les décisions, on le laisse en dehors des différends. Et on ne le prend pas pour son confident non plus ! Ce n’est pas un copain, c’est votre enfant.”
Cela implique qu’il faut réussir à cloisonner un minimum, ce qui n’est clairement pas évident, quand les conflits sont vifs et que l’enfant est avec nous. “D’où l’importance de définir les temps d’échange avec l’autre parent ! En cas de conflits, vous pouvez tout à fait dire : “Je ne répondrai pas à tes messages quand les enfants sont avec moi. Je te répondrai quand je serai seule”.
L’intérêt ? Loin des petites oreilles de vos enfants,
– vous pourrez répondre plus librement.
– vous ne gâchez pas le temps passé avec vos enfants ! Vous préservez au maximum les moments de qualité avec eux.
– Et bien sûr, vous imposez d’emblée des limites à votre ex-conjoint qui pourrait être tenté d’abuser des sollicitations, se sentir plus libre de répondre.
4- Apprivoiser le rythme de garde
Pour vous comme pour les enfants, le changement de maison, que ce soit pour quelques jours, un week-end tous les 15 jours ou une semaine sur deux, c’est un vrai bouleversement dans le quotidien. Et il faut un peu de temps pour apprivoiser ces changements, ce rythme, l’alternance des séparations et des retrouvailles.
“Pour les enfants, pour adoucir les changements de maison, on peut proposer un objet de transition. Ce doudou, ou autre, qui suivra l’enfant où il ira. Si possible, je recommande d’investir au maximum dans les affaires en cas de garde alternée, pour éviter à l’enfant de partir avec une valise qui sera à faire et à défaire à chaque fois.
Si les relations sont encore très tendues avec l’autre parent, je conseille pour le changement de semaine, de faire ça pendant l’école : l’un dépose l’enfant le matin, l’autre le récupère le soir après la classe. Cela évite d’aller chez l’autre ou de se croiser, situation qui peut être un temps particulièrement difficile.
Sinon, dans l’idéal, il faudrait que chaque parent puisse amener l’enfant chez l’autre. Pourquoi ? Pour que l’enfant voie que son parent est d’accord et serein avec le fait qu’il parte chez son autre parent. Pas besoin de monter jusqu’à l’appartement, pas forcément besoin de se parler : l’amener suffit à lui donner une forme d’autorisation. C’est aussi l’occasion de l’encourager et de le rassurer avec un “passe un bon week-end” en laissant entendre que pour vous aussi, ça va aller !”
Pas toujours évident comme exercice, quand on n’est pas habitué à ces temps “sans enfant”, si la solitude et le vide font peur… “Il faut positiver ce temps sans enfants. Car pour le parent, c’est surtout du temps pour lui ! Pour faire des choses qu’il aime, des choses qu’il ne peut pas faire avec son enfant. Je conseille, si on est un peu stressé par ce temps sans enfants, de faire la liste de tous les points positifs et de toutes les envies associées à ce moment seul. Et de faire un programme réjouissant à partir de toutes ces envies. Cela n’empêchera pas d’avoir un pincement au coeur mais au moins, on sera occupé, on ne sera peut-être pas tout seul, etc… Organisez-vous pour être occupé et ne pas vous morfondre. C’est important pour vous, mais aussi pour votre enfant, qui verra que vous faites des choses agréables de votre côté également. Parce que les enfants peuvent avoir tendance à s’inquiéter pour le parent avec qui ils ne sont pas… »
Un programme pour reprendre pied en 6 mois
Parce qu’elle voyait beaucoup de parents séparés démunis face aux difficultés de leurs enfants, Doriane Boudeville a décidé de lancer un programme dédié aux parents en cours de séparation ou qui viennent de vivre une séparation. Ce programme de 6 mois en tout, à suivre en présentiel ou en distantiel, alterne sessions de groupe et séances individuelles. Son objectif ? Aider les parents qui traversent douloureusement leur séparation et qui craignent les répercussions négatives sur leurs enfants à se construire un futur serein.
Le premier cycle débute ces 5 et 6 mai (selon les modalités choisies). Pour en savoir plus sur New Family Project, c’est ici : https://www.psy-boudeville.com/new-project-family
5- Ne pas lâcher sur les règles et l’éducation des enfants
L’ennemi numéro 1 dans cette période ? Celui qui peut venir sournoisement saper la relation que vous construisez avec votre ou vos enfants ? C’est la culpabilité, assure sans détour Doriane Boudeville. “La culpabilité, c’est une brèche que ressent l’enfant, même inconsciemment”. Et le piège, classique, c’est qu’il va vouloir en tester l’étendue, le pouvoir. “Il va vouloir en profiter pour faire comme il a envie. C’est une porte ouverte à l’absence de limites parentales, surtout vis-à-vis du parent qui ne voit pas l’enfant très souvent. J’ai des parents qui me disent ainsi : “je ne le vois que 4 jours par mois, je ne vais pas passer mon temps à lui dire non !” Et bien si, il faut pouvoir dire non. Car même si l’enfant ne voit pas beaucoup ce parent, il doit savoir qu’il joue un vrai rôle dans son éducation, dans la transmission des règles, dans le respect de ces règles. Le parent qui ne fixe aucune règle ne joue plus son rôle de parent et laisse l’autre parent élever l’enfant, seul.”
Résultat : cela risque d’être compliqué pour l’enfant, qui sera tenté de ne plus trop respecter cet adulte qui ne lui garantit aucun repère et ne le sanctionne jamais. Mais aussi, et surtout pour le deuxième parent, qui retrouvera à la fin de chaque week-end un “petit tyran”, qu’il devra donc élever seul. “Ce parent aura toujours le mauvais rôle (rappeler les limites, etc…), résume la psy. Alors que l’autre parent n’aura que les bons côtés et les bons moments avec l’enfant ! C’est terriblement injuste et ce n’est bien pour personne, quel que soit le mode de garde. La parent qui ne voit pas souvent ses enfants n’est pas exempté pour autant de son rôle éducatif. C’est important pour lui, s’il veut compter, pour le coparent qui a besoin d’être soutenu, et important aussi pour l’enfant : il saura que ses parents et leurs règles sont toujours là pour le protéger.”
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