Comment favoriser la cohabitation de plusieurs enfants dans une même chambre ?
C’est le lot de nombreuses familles recomposées : il n’y a parfois pas assez de chambres pour que chacun ait la sienne. Des frères et sœurs se retrouvent à partager la leur, mais parfois aussi, un enfant de l’un se retrouve dans la même chambre que l’enfant de l’autre. Une situation parfois difficile à vivre pour les jeunes. Comment les aider à se sentir bien dans cet espace partagé ? Les conseils d’Anne-Laure Rusak, décoratrice d’intérieur.
Les Nichées : Comment aménager/décorer une chambre pour deux enfants ?
Anne-Laure Rusak : Le partage de l’espace est extrêmement compliqué, d’autant plus pour deux enfants qui ne sont pas de la même fratrie. Les parents doivent garder en tête que cela peut être très difficile à vivre pour leur enfant… même s’il ne l’exprime pas ! Au quotidien, ce n’est pas « marrant » comme ça peut l’être pour des vacances où des enfants partagent un dortoir, par exemple. L’espace physique symbolise notre espace intérieur, occuper l’espace est un moyen d’exister. Si on nous retire notre espace, on nous retire notre place symboliquement ! Et encore plus si l’enfant était seul dans sa chambre et doit accueillir quelqu’un d’autre, et qui plus est n’est pas son frère/sœur. Les parents doivent écouter le ressenti de l’enfant. S’il se sent écouté, il partagera plus volontiers son espace. Sinon, cela peut s’apparenter à une réelle intrusion dans son espace vital.
Pour la décorer, cela va dépendre de l’âge des enfants. Encore une fois, c’est mieux quand ce n’est pas « subi », donc l’enfant doit y trouver un intérêt : refaire une déco à son goût est un bon moyen de lui donner envie. Le laisser participer au choix des couleurs et du mobilier est une bonne idée. Il doit prendre part au projet.C’est mieux s’ils disposent chacun d’un espace bien séparé, bien distinct ou la possibilité de se créer « leur » univers dans une partie de la chambre (sur un mur par exemple).Les espaces symétriques sont intéressants : chacun possède la même chose, mais dans deux couleurs différentes par ex.
Riche d’une carrière éclectique en tant qu’artiste et décoratrice d’intérieur, Anne-Laure Rusak a développé un concept innovant visant à favoriser l’épanouissement personnel grâce à son habitat. Elle souhaite apporter un nouveau regard sur la maison, pour aider ceux qui cherchent des clés pour se sentir mieux chez eux et mieux dans leur vie.
Elle est l’autrice de 50 exercices de déco-therapy (Eyrolles)
Les Nichées : Existe-t-il des astuces d’aménagement pour qu’ils aient chacun un espace bien à eux ?
Anne-Laure Rusak : On peut utiliser des étagères qui séparent visuellement, mais de manière allégée. Jouer sur les couleurs peut être une bonne idée : une couleur/un espace. Ce sont vraiment des endroits où l’optimisation de l’espace est importante. Les lis superposés ou en mezzanine permettent à chacun d’avoir son univers.
Les Nichées : Ont-ils des besoins différents en fonction de leur âge ?
Anne-Laure Rusak : Oui. Il faut garder en tête que plus l’enfant avance en âge, plus il aura besoin d’intimité.Un enfant petit aura besoin de place pour ranger ses jouets, à partir de 7-8 ans, ils aiment avoir leur bureau, les ados ont besoin d’un vrai espace de travail, de ranger leurs vêtements, et de marquer leur univers. Un ado préférera un espace plus petit, mais rien qu’à lui, alors que les enfants de moins de 10 ans préfèrent souvent partager leur chambre avec leur frère/sœur. Iils adorent les lits superposés, cela les rassure de dormir à deux et leur permet d’avoir un plus grand espace de jeu au sol.
Quand les enfants viennent de fratrie différentes, à quoi doit-on veiller ?
Anne-Laure Rusak : L’idéal est que chacun puisse bénéficier d’un espace à lui, qu’il puisse « marquer » son territoire en quelque sorte. Ceux qui habitaient déjà là ne doivent pas se sentir « dépossédés » (lésés) et les « nouveaux » ne doivent pas se sentir de trop ou pas chez eux. Une transformation de l’espace est nécessaire à mon sens, mais elle peut être symbolique : changer les meubles de place, repeindre… toujours avec leur accord. Je me répète mais la communication est primordiale : on peut dire en tant que parent : « ce serait mieux si vous aviez chacun votre espace, mais ce n’est pas possible, alors on va faire au mieux. Qu’est-ce qui serait acceptable pour toi ? Qu’est-ce qui te plairait ? » Ça fonctionne toujours mieux si c’est gagnant/gagnant et si c’est verbalisé.
Et leur laisser l’opportunité de trouver des solutions. Les enfants ont souvent de très bonnes idées et des ressources insoupçonnées. Cela bouscule parfois l’ordre établi, mais ça donne des propositions intéressantes ! Un exemple ? Reprendre l’ancienne chambre des parents qui est plus grande… cela crée de la nouveauté pour tout le monde.
A lire : 50 exercices de Déco-Therapy, d’Anne-Laure Rusak
Vous avez besoin de renouveau, de changement ? Votre chambre est encombrée et vous y dormez mal ? Vous aimez les couleurs vives mais n’osez pas les utiliser ? Votre maison ne reflète pas votre personnalité ? Ces 50 exercices vous aideront à révéler toute l’énergie positive de votre intérieur et à en faire un lieu aligné sur vos valeurs et votre soif de transformation.
Comment favoriser l’harmonie entre les enfants via la décoration/l’aménagement de leurs chambres ? Des espaces communs ?
Anne-Laure Rusak : Comme je le disais au début, demander leur participation à un projet commun. On refait leur chambre ? Ils se coordonnent ensemble pour déterminer ce qu’ils aiment, ils font des propositions, ils participent aux travaux (peinture, relooking, montage). Ils s’approprieront plus vite l’espace et se sentiront « chez eux ». L’harmonie, c’est l’équilibre. Est-ce que chacun a porté sa voix ? Est-ce que chaque membre a été respecté ?Aux parents d’être vigilants et de ne pas favoriser l’un ou l’autre.
Dans les espaces communs, je conseillerais de changer un meuble symbolique comme le canapé pour un modèle plus familial où CHACUN aura SA place. Matérialiser la place de chacun dans la maison, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse faire !