Vacances d’été : comment préparer les enfants aux longues séparations ?
Le temps des vacances avec l’autre parent approche ? Quel que soit leur mode de résidence, les vacances d’été imposent des séparations longues qui peuvent être difficiles à vivre pour les enfants de parents séparés. Stress à l’approche du départ, gros chagrin au moment de la séparation… Comment les aider à bien vivre la transition et l’absence ? Les conseils de Dominique Mazin, psychologue, pour adoucir la séparation.
Les Nichées : Les enfants ont-ils tous, en fonction de leur âge, la même perception du temps et de la séparation ?
Dominique Mazin : Non, l’âge et l’expérience de chacun jouent beaucoup. Pour la première fois, par exemple, ils n’anticipent pas souvent le manque et l’absence car ils ne les ont pas forcément vécus avant. Donc il peut être normal qu’ils ne pleurent pas.
D’autres, plus expérimentés ou âgés, peuvent au contraire être assez stressés et/ou tristes.
Pour les préparer, plusieurs possibilités : la première est de les inviter à parler de leurs futures vacances avec leur autre parent. Ce qu’ils vont faire, ce dont ils ont envie, poser des questions si besoin. L’objectif est qu’ils puissent se projeter et que l’on puisse les aider à anticiper les bons moments, pour tempérer la séparation en elle-même.
Je conseille également de préparer la valise ensemble, toujours pour l’aider à se projeter : « il fera chaud, je mets tes tongs », « à la montage le soir, tu verras, il peut faire frais, je mets tout pull préféré »… etc.
Mieux encore, préparez-la dans la joie ! « Et hop, le maillot de bain, ça va être chouette, veinard ! », « Tu vas pouvoir te reposer, prends ton livre ». Essayez de trouver du positif et de montrer de l’enthousiasme : joie, nouveauté, en vantant le mode découverte ou aventure… Les enfants adorent ça !
Parfois, il est difficile pour certains parents de voir le positif dans les projets de l’autre. Mais il faut penser à l’enfant, c’est essentiel pour lui. Car cela va lui permettre non seulement de profiter de ce temps de vacances avec l’autre mais aussi – et surtout – de ne pas culpabiliser en pensant au parent qu’il a laissé !
Les Nichées : Faut-il parler de la durée de la séparation aux plus petits ? En mettant en place un calendrier par exemple ?
Dominique Mazin : Le calendrier peut être une bonne idée mais en général, ils tiendront 3 jours. Comme les devoirs de vacances, d’ailleurs ! Mais en général, tout ce qui va mettre du concret dans le projet va les aider. Tous les rituels familiaux notamment (calendriers, photos, petits mots dans la valise ou petit cadeau, etc…) est bon à prendre car ils sont rassurants. En revanche, en termes de timing, je dirais qu’il est inutile de commencer à parler des vacances et de la séparation aux enfants 3 mois avant. Pour eux, le temps peut être très long et cela peut même développer l’angoisse chez certains enfants.
Que leur dire s’ils ont peur de la séparation ?
Dominique Mazin : Il faut dire « profite ! ». Et si les enfants vivent majoritairement avec vous et sont un peu stressés par le temps passé avec leur autre parent, vous pouvez leur glisser : « ce que tu vas vivre est différent mais c’est super quand ce n’est pas pareil, justement. Ce n’est pas angoissant, c’est nouveau ! Ça change mais il n’y a aucune raison d’avoir peur. »
Les enfants sont en général curieux, ils aiment le côté aventure. Il faut jouer là-dessus, les encourager à aller vivre d’autres choses nouvelles. Et pour leur donner confiance, vous pouvez leur répéter : « ça va aller, tu vas gérer, tu en as vu d’autres, tu es fort ! »
Et sur le moment, comment adoucir le départ, la séparation ?
Dominique Mazin : Je pense qu’il vaut mieux écourter, c’est toujours trop long selon moi ! Je conseillerais d’être dans l’activité jusqu’au bout – mettre la valise dans la voiture, « n’oublie pas ton doudou / ta console » et hop , un bisou et c’est parti ! Idéalement, il faudrait que l’adulte soit bien organisé, qu’il soit sûr de sa to-do-list. Pourquoi ? Parce que sur le moment, il peut être triste, il peut ne pas réussir à penser. Idem pour l’enfant. Ce trouble peut rajouter de la confusion, ou perturber l’enfant.
Je pense qu’il vaut mieux éviter les effusions, et surtout le temps où l’adulte peut être triste. Même si l’enfant pleure, plus il pleure même, je dirais ! On ne pourra pas le consoler. Aucun enfant ne se calme en allongeant le départ. Comme à la crèche, ou à l’école, le plus souvent les petits s’arrêtent quand ils ne nous voient plus et passent à autre chose.
S’il ne dit rien, s’il ne manifeste rien, c’est inquiétant ?
Dominique Mazin : Non, cela signifie simplement qu’il observe, qu’il se fait une idée. Certains se blindent pour ne rien sentir, c’est leur façon de se protéger, et ce n’est pas grave ! Il faut arrêter de vouloir à tout prix que les enfants s’expriment à chaud. Parfois on va trop vite pour eux, on attend qu’ils nous parlent alors qu’ils ne peuvent pas verbaliser des choses dont ils n’ont pas encore pris conscience. Entre 6 et 10 ans, souvent, ils ne comprennent pas ce que l’on veut leur faire dire. D’ailleurs, parfois, ils aimeraient bien savoir parfois ce qu’ils ressentent !
Il ne faut pas oublier que quand ils sont petits, ils n’anticipent pas les émotions difficiles qui vont naître : absence, manque, changement. Ce n’est pas forcément négatif, au contraire, c’est parfois aussi le signe que l’enfant n’a pas peur. Qu’il est confiant. C’est plutôt bien, non ?
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